Evangelista
7.6
Evangelista

Album de Carla Bozulich (2006)

Sorti en 2006 chez Constellation Records (label indépendant de Silver Mont Zion et Godspeed You Black Emperor…), l’album Evangelista de Carla Bozulich, ne plaira pas à tout le monde ; non pas qu’il soit imbuvable ou totalement aliéné (un peu tout de même), mais son ambiance sinistre et grinçante peux rendre son accessibilité plus délicate pour de nombreuses personnes. Pourtant, il détient une puissance émotionnelle remarquable ; mélodies, rythme et voix peuvent vous gifler brutalement et vous abattre sur votre fauteuil inopinément laissant ainsi votre tristesse sous-jacente s’écouler furieusement…

L’album débute sur l’éreintante âpreté funeste de ”Evangelista I” de plus de 9 minutes. Un portail craquelant s’entrouvre sous le sinistre glas du bourdon accompagnant la lourde cadence des pas crépitant le poutrage chambranlant… au milieu du grincement des cordes, Carla Bozulich mène hargneusement la procession vers la foule amassée aux pieds des marches de la bâtisse funèbre… Puis, ouverture au violon, ”steel away” et sa douce tristesse vous étreignent subrepticement d’une émotion oppressante tandis que vos yeux rougissent sous l’afflux lacrymal voilant sensiblement votre vision…

Comme le nom de l’album le sous-entend, nous avons affaire à un moment de prédication sombre, déchirant et assez torturé, mais ponctué de douceur apaisante venant relâcher les tensions suffocantes accumulées… Une musique Folk-rock expérimentale au sein de laquelle les cloches, l’orgue et les violons mêlés de choeurs et samples vous guident tout le long d’une cérémonie menée par cette troublante voix de Carla Bozulich tantôt rageuse, tantôt lénifiante.

”Pissing”, est un petit joyau, la plus accessible de l’ensemble. Sur un rythme plus percutant, lentement, un brouillard d’accords crispants vient envelopper le chant radouci de Carla…

Tout se finit sur Evangelista II, clôturant l’album sur de légères notes accompagnées d’une voix pacifiée qui s’étiole délicatement… la rage est passée, place à la rédemption…

Vous vous dites que Evangelista semble trop expérimentale et obscure ! Alors, pour apprivoiser Carla Bozulich, débutez par son disque Boy (2014), d’une forme plus classique tout en sauvegardant ce style âprement expérimental porté par cette voix particulière qui vous touchera peut-être là où ça fait mal…
Karaziel
9
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le 14 mars 2015

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Karaziel

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