Il n’est pas nécessaire d’être intelligent pour être bon…
George et Lennie, deux amis d’enfance, sont des journaliers qui égrainent les routes de Californie de Ranch en Ranch afin de gagner de quoi réaliser leur rêve, vivre comme des rentiers dans leur propre ferme… Malheureusement, Lennie, est un simplet encastré dans une masse de muscles ayant tendance à créer constamment des ennuis malgré les mises en garde répéter de Georges, les poussant souvent à déguerpir à travers le pays… Ils vont pourtant une fois encore tenter leur chance dans un Ranch à Soledad…
George, est un petit homme vif et tendu, un poil rustre dans ses intonations avec l’œil toujours aux aguets. il scrute constamment les faits et gestes de son ami Lennie et de leurs entourages en essayant de prévoir le pire qui puisse arriver… Un homme cachant un grand cœur derrière les sermons répétés à son ami, qu’il ne souhaite quitter et abandonner pour rien au monde, malgré ses coups de gueule à répétition…
Lennie a l’esprit d’un enfant déficient et naïf, avec cette pointe d’innocence bébête sur le visage qui peut rendre fou d’impatience l’homme le plus réfléchi et calme qui soit. Son plus grand plaisir est de caresser quelque chose de doux et velouté, c’est la raison qui le pousse à cacher une souris morte dans sa poche tout en rêvant de tenir un lapin au creux de ses bras… Mais, pour son plus grand malheur, il est doté d’une carrure impressionnante où le simple fait de vous empoigner peut vous briser les os en quelques secondes, s’il n’y prend garde…
Dans cette exploitation ils vont faire la rencontre et côtoyer des individus bien distincts marqués par la sueur du temps et ayant chacun leurs histoires et leurs manières de pensés : de Candy, vieil homme manchot accompagné de son chien à l’agonie qui espère encore servir à quelque chose ; de Curley, fils du patron et ancien boxer amateur fier de sa personne, courant après sa femme, volage et désœuvrée, à travers l’exploitation ; de Slim, un homme bon et juste qui est le seul à savoir tenir tête à Curley ; et de Crooks le palefrenier noir vivant reclus dans l’écurie…
Dans Des souris et des hommes, John Steinbeck peint avec minutie l’environnement lourd et poussiéreux, sale et rude dans lesquels ces hommes exténués essaient de survivre en tissant des liens précaires et en rêvant d’exister pour leur propre compte… C’est un Roman bien noir et triste à la tension omniprésente ; on ressent à chaque page et entre chaque échange de ces deux vagabonds, qu’un point de non-retour va être franchis malgré leur désespérante envie de ne pas s’écarter du chemin et de ne faire aucune vague… tout le long pourtant, on espère que cela n’arrivera pas bien sûr, tellement on s’attache a leur complicité touchante ; à la malice maladroite de Lennie et à la chaleur brute de George… malheureusement, la vie recèle un sillon qui malgré les bifurcations possibles mène, hélas, toujours à la piètre finalité d’une existence vouée au drame tragique…