2002, année événement pour qui connaît Cinematic Orchestra, puisqu'ils nous invitaient à découvrir ce joyau.
Tout d'abord Cinematic Orchestra : groupe anglais arrivé en 1999 sur Terre. On le classe dans le new jazz, le downtempo, l'acid jazz et l'electronica. Oui, en fait c'est un groupe difficile à classer artistiquement. Encore une fois, vive les étiquettes !
Ils nous en ont proposée une : Cinematic Orchestra.
En fait, lorsqu'on écoute C.O., on peut se sentir au carrefour de plusieurs époques, au centre d'une culture musicale riche. La nourriture du groupe doit être vaste pour mettre en forme un tel volume musical, une telle épaisseur.
Ici l'on flirte avec le jazz 70's et la musique électronique dans le jeu, dans le son. On s'amuse dans la composition, nous proposant des grooves improbables. On nous assène des références 90's bien senties et déjà digérées (Massive Attack, Archive), tout en nous combinant cela avec des couleurs contemporaines. Les invités (Fontella Bass, Roots Manuva, Niara Scarlett) sont incorporés à la musique comme s'il étaient originellement membres du groupe, avec une mention spéciale pour le morceau "Evolution" : quelle classe !
Rythmiquement c'est le panard ! Un batteur fin, enthousiaste et doté d'une énergie pénétrante ; un contrebassiste enivrant ; un jeu de programmation et sampling passant presque inaperçu par moments (force production). En fait cela frôle la perfection.
Les mélodies sont Belles, tantôt légères, tantôt capable de nous soulever du sol...
Niveau énergie générale, on est dans le mouvement, même pour les morceaux les plus calmes. D'où leur nom très certainement : les images ne viennent pas dans notre tête sans que l'on sente un mouvement quelconque en nous-même auparavant. On peut même danser sur certaines perles comme sur "Man with the movie camera" si l'on a envie.
L'homogénéité de la composition et de la production font de cet opus un grand album, dont il est difficile de se lasser. On pourrait même l'écouter "Every day"... Cette capacité du groupe à exiger une production de cette qualité montre tout simplement qu'il prend ses intentions créatives au sérieux. Il semble que rien n'est laissé au hasard. Et pourtant l'on pourrait sentir que les compositions viennent d'improvisations en répétition. Jouer "ouvert" disent les zikos, se laisser le droit d'oser et de tendre vers la vibration interne : la laisser s'exprimer et en garder les lignes les plus pertinentes par rapport à nos exigences. Ce ne serait pas la conduite jazz, ça ?
Hypnotique, cinématique, charismatique, métaphysique, oh !... Mettre des mots sur cette musique devient obsolète : les mots sont limités de leur sens. En fait, mieux vaut écouter et s'en faire un ressenti personnel, une idée individuelle, un partage entre enivrés, une raison à n'en pouvoir parler, une esquisse intrinsèque. Car discuter du son revient à créer de nouveaux sons bien différents de ceux dont on parle.
B.R.A.V.O. !