Dorian Taburet s'est fait un copain et Mein Sohn William est désormais un duo. Deux fois plus de raisons de craquer pour cette pop lofi formule enrichie, toujours aussi inventive.
La valeur d'une musique ne se compte pas au nombre de ses membres et le premier album de Mein Sohn William, oeuvre d'un seul homme, avait déjà su titiller notre intérêt par sa fraicheur et son inventivité. Les bases étaient posées : une musique lofi transgenre inspirée par les années 80 fluos et les années 90 anthracite, mais joyeusement maltraités par une"électronique collage" bien d'aujourd'hui : le genre de morceau de moins de 3 minutes qui arrive à vous surprendre et à gentiment vous secouer.
Avec Every Day, In Every Way, pas de révolution dans la maison mais la version approfondie du précédent : avec Antoine Bellanger, déjà aguerri avec Belone Quartet et Gratuit, la musique de Mein Sohn William se décline dans des formats toujours aussi courts mais avec plus de morceaux (on y gagne au change). Au programme, plus de brassage musical (ça et là des rythmiques africaines, ailleurs une clarinette"musique de l'Est" une présence proche parfois des Beastie Boys, notamment sur un prenant Dear Husband) mais toujours cet esprit frondeur, ses sonorités de claviers plastiques, ses gifles de guitare. Les titres ont toujours autant la bougeotte mais ils sont désormais portés par des mélodies plus solides et plus fortes. Dur de ne pas ressentir un frisson avec Rebecca, par l'urgence de La théorie du complexe (sorte de Cure des débuts sous acide) par la mécanique infernale de Words ou par la montée en puissance des synthés sur No Longer Walk. Car si le duo exhale des parfums expérimentaux, ils n'oublient jamais d'être accessibles et c'est là sa grande force.
De ce côté là , il fait encore mieux que Gablé, qui manie aussi de manière insouciante expérimentation et formule pop. Et le tout sans perdre une once d'une vitalité, à la fois réjouissante et communicative. Bingo, vous tenez là une des meilleures raisons de retrouver le sourire en 2014.