Troisième album en public du groupe, Extraterrestrial Live fait le point sur dix ans de carrière, dix ans d’une intense productivité, dix ans sans aucune faute de goûts, dix ans au sommet. Ce double album au son énorme est donc un témoignage incontournable de toute cette période qui a su accoucher de classiques : « Cities on Flame with Rock and Roll », « Burnin' for You », « Godzilla » ou encore « (Don't Fear) The Reaper ». C’est une formation en grande forme qui nous livre ces treize titres, puissants, soignés, qui font la part belle aux guitares, aux improvisations et aux envolées lyriques. Chaque morceau est, en effet, développé jusqu’à plus soif pour mieux entraîner l’auditeur dans une sarabande infernale.
Débutant par « Dominance and Submission », extrait de Secret Treaties, le premier disque nous prend à la gorge, avec ce son puissant, ces guitares incisives et ces claviers qui teintent l’ensemble. En concert, ce titre prend toute sa force, comme c’est également le cas pour l’énorme « Cities on Flame with Rock and Roll » présent sur le premier album du groupe. Epaissi, rallongé et plus compact, il permet aux musiciens de s’en donner à cœur joie, en faisant parler leur technique et leur feeling. Un grand moment. Pourtant, ce morceau est éclipsé par la folie développée sur « The Red and the Black » dont le riff boogie sautillant est un vrai régal. Ce titre de Tyranny and Mutation parvient à faire le lien entre le hard rock des années 1980 et le rock des années 1960. Du même album, « Hot Rails to Hell » relance aussi la machine sur le second disque avec son énergie protopunk et ses riffs épais.
Ces compositions énergiques équilibrent les chansons plus mélodiques ou progressives que sont les superbes « E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence) » et « (Don't Fear) The Reaper », deux hits d’Agents of Fortune, le lourd et entêtant « Godzilla », seul rescapé de Spectres ou le récent et FM « Burnin’ For You » tout juste apparu sur Fire of Unknown Origin. De cet album sont aussi extraits l’étonnant « Joan Crawford » aux sonorités très anglaises, proches des Who et le sombre « Veteran of the Psychic Wars » écrit par Michael Moorcock et qui fait écho à l’excellent « Black Blade » du même auteur issu de Cultösaurus Erectus. Cette collaboration avec l’auteur anglais accouche de compositions ancrées dans des interrogations métaphysiques de l’époque.
Avec le recul, aucun titre n’est à jeter sur cet album, même si, au rayon des surprises, on peut s’étonner de la présence de « Dr Music », unique rescapé de Mirrors, qui évoque un mélange de Kiss et de glam britannique. Bien meilleure est la longue reprise du « Roadhouse Blues » des Doors, sur laquelle Robbie Krieger vient épauler le groupe pour des échanges de blues rock étonnants.
Extraterrestrial Live est un des meilleurs albums live jamais enregistré. Il est supérieur aux deux précédentes captations de concerts, même si la réédition augmentée de Some Enchanted Evening en 2007 avec ses sept titres supplémentaires peut lui disputer la suprématie.