chronique écrite en 2005
Prikosnovénie est une société souterraine, un monde de l’ombre qui ne fait pas beaucoup parler de lui mais qui converge de nombreux adeptes. Un univers aux ramifications étendues internationalement et regroupant passionnés mus par un même goût musical. Fort de près d’une centaine de références, le label Nantais sert de passerelles entre des artistes marquées d’un double sceau : la féerie de Cocteau Twins et l’ "ethnisme" de Dead Can Dance, voire la réunion des deux (Bel Canto). Qu’ils soient Japonais (les excellents Jack or Jive, Ukrainien ( Flëur ), Russe (Caprice), Italien (GOR) ou Grec (Daemonia nymphe), ils sont signés sur le label. Il y a même là, des groupes français : les cultissimes et coldwave Collection d’Arnell-Andrea ou les nouveaux venus, Misstrip (sur les voies de The Gathering ?). Chacun amène son folklore et sa propre sensibilité dans cette vaste mondialisation qui serait sans ça tout juste bonne à faire la pub pour Ushuaïa Nature ou à devenir un Enigma 2 (sic). La musique de Prikos vaut mieux que cela à l’image des modèles Dead Can Dance, et dès lors, les anachronismes temporels (chant grégorien mixé avec gros sons électroniques avec Irfan) et les rapprochements géographiques passent comme une lettre à la poste. Régulièrement, le label sort des compilations pour donner signe de vie à ses fans, pour faire de nouveaux adeptes, pour montrer que le monde de l’argent n’a pas encore annihilé cet oasis de Résistance. On pourra se gausser d’une image empreint de naïveté (de toutes les manières, toujours préférable au cynisme) mais on reconnaîtra à Prikosnovénie, sa persévérance, sa cohérence et sa passion intacte depuis une décade.