Seventeen Seconds est sorti depuis tout juste un an. Après une tournée épuisante et incroyablement dense, Robert Smith et ses comparses ont largement mérité une période de repos. Vont-ils se mettre les doigts de pied en éventail à Saint-Tropez ? Au Bahamas peut-être ? Et bien NON. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les infatigables Anglais retournent une nouvelle fois en studio (et enchaîneront avec une nouvelle tournée gigantesque) pour enregistrer leur troisième album, Faith.
Il faut dire que le titre de l'album est bien choisi. La religion a une place plutôt importante dans cette oeuvre, et le propos dépressif du disque est souvent lié à cette foi. La pochette vient confirmer la chose, montrant une abbaye en ruines (je dois avouer que j'ai longtemps cherché à comprendre de quoi il s'agissait avant de trouver). On retrouve le même style littéraire que sur les deux autres albums de la "trilogie glacée" du groupe, mais ici on ressent clairement une aversion profonde pour tout ce qui touche aux croyances... ou au contraire, la foi ne serait-elle pas un dernier échappatoire pour les êtres tourmentés et déprimés ? C'est en tout cas ce que suggèrent les dernières lignes du morceau-titre : "I went away alone, with nothing left but faith".
Musicalement, c'est assez varié : entre les sursauts de colère ("Primary", "Doubt") que l'on retrouvera d'ailleurs avec "One Hundred Years" sur l'album suivant, et les morceaux plus calmes mais totalement désenchantés ("The Funeral Party", "All Cats Are Grey", dont la mélodie finale au piano n'est pas sans rappeler "Cold", sur Pornography), tout le monde y trouve son compte. Les arrangements sont plus complets que sur Seventeen Seconds, mais l'atmosphère n'est pas aussi glaçante que celles de certains "The Figurehead" et autres "Siamese Twins". C'est tout de même bien suffisant pour inspirer un dégoût de la vie à à peu près n'importe qui.
Deuxième disque de la trilogie, Faith se trouve entre le spleen minimaliste de Seventeen Seconds et la folie colérique et désespérée de Pornography, avec des instrumentations plus amples malgré une sorte de "vide intérieur" toujours aussi présent. Loin d'être aussi terrible que son successeur, il n'en reste pas moins un album important pour le mouvement coldwave, qu'il ne faut surtout pas sous-estimer.