Que demande-t-on a une bonne compilation ? De retracer la carrière d’un artiste, de proposer des morceaux rares ou dans des versions alternatives, d’offrir des inédits pour montrer que l’artiste en question a certes un passé mais aussi un avenir. Sur la foi de ces figures imposées, le contrat est d’ores et déjà rempli avec Fan n°2 de Barbara Morgenstern. Voici 10 ans, l’Allemande avait sorti un premier volet fait de remix. Tous les albums solos de Morgenstern sont représentés, à commencer par Ein Versuch issu de l’album du même nom et qui marque d’emblée le style Morgenstern : une musique hybride fait à partir de collage d’électronique avec de vrais instruments. Chaque titre pourrait être joué au piano – et c’est le cas de The Operator présenté ici dans une « piano version », mais ainsi arrangé, il mêle une précision presque pointilliste d’électronicien avec une certaine fantaisie féminine distillée avec élégance. Il y a une certaine émotion qui émane de cette musique comme en témoigne Juist issu de The Grass is always greener, peut-être le meilleur des albums de la jeune femme. Morgenstern manie l’art délicat de la programmation rythmant chaque morceau, sans en faire de vulgaires et faciles machines à danser.
Dans sa version Mix Expension, Der Augenblick remplit néanmoins cet office. Avec Barbara, l’électronica a le plus souvent une voix ; ce qui donne un côté pop à la musique. Parmi les trois inédits, elle reprend d’ailleurs Blackbird des Beatles ; le synthé remplace la guitare acoustique initiale mais l’esprit ballade reste le même. Au cours de sa carrière, Morgenstern a fait de belles rencontres comme Stefan Bekte de Pole qui a produit Nicht muss (représenté ici par deux titres). Mais surtout l’Allemande a eu la chance de faire un titre avec Robert Wyatt, un rêve qui s’est réalisé avec Camouflage. Le plus réjouissant de ce bon disque qui donnera envie aux néophytes de découvrir le reste de la discographie de Morgenstern, se situe au niveau des inédits. Outre la reprise des Beatles, deux autres titres qui pourraient apparaître comme des modèles de la belle mécanique musicale parfaitement agencée de l’Allemande : Mountainplace et surtout Wegbereiter, un des meilleurs titres à ce jour de la dame. Avec Barbara Morgenstern, l’avenir semble radieux.