La 7empête après le calme

En 2019, il y aura bien eu un album qui m'aura retourné le cerveau.
Je veux parler de l'album que tout bon fan de Tool attendait depuis 13 longues années : Fear Inoculum.

Oui l'entrée en matière fut laborieuse, car on est peut-être sur la version la plus progressive de Tool à ce jour : les morceaux durent entre 10 et 16 minutes et n'ont aucune structure conventionnelle.
A part ça, chaque véritable morceau (je ne parle pas des interludes) est un voyage. Le mysticisme de Tool est conservé, et même décuplé sur cet album. Le sentiment d'écouter quelque chose de « supérieur », de « divin » est présent à chaque seconde.

La voix de Maynard est plus religieuse, moins rageante que sur les précédents efforts du groupe (on a vite tendance a oublier que le bougre a 55 printemps), et elle sert l'oeuvre à merveille. La basse et la guitare de Justin Chancelor et Adam Jones ont déchargé tout leur trop-plein d'hypnose qui dormait tout au long de ces 13 années d'abstinence. Quand au batteur Danny Carey, je lui érigerais volontiers une statue au panthéon des meilleurs batteurs. Le mec est une pieuvre, va chercher des patterns tellement complexes et inconventionnels dans le rock, et en même temps tellement jouissifs... C'est un pur génie.

Les thèmes abordés dans les paroles sont humains, touchant et spirituels. On ressent une certaine sincérité et une sagesse qui semblent découler de ce long hiatus.

Alors, au milieu de tout ça, il y a les interludes. Je n'arrive toujours pas à me faire une idée dessus. C'est vrai qu'elles sont plutôt longues et viennent casser le rythme de l'album. Mais en même temps Tool a toujours mis des interludes très singulières dans ses albums (on se souvient entre autre de l'étrange « Message To Harry Manback » sur Aenima). Je pense qu'elles sont là à juste titre, pour faire une pause dans le voyage auditif. Mais c'est vrai qu'en soit, elles n'apportent rien musicalement.

Et puis il y a le bien nommé Chocolate Chip Trip... un titre qui dénote par son étrangeté, mais qui finit par être une simple démo des talents de Danny Carey derrière les futs.
En fait c'est ça, Tool. Ils font leur truc, élaborent de la musique bien spatiale qui met tout le monde KO (et en dehors de tout schéma commercial pré-établi, en sortant seulement - pour l'instant - un concept de packaging CD avec carrément un écran HD inclus, que tout le monde s'est arraché évidemment), et au milieu de ça, ils aiment bien ajouter des délires bien singuliers que personne ne comprend (Lateralus se concluait bien sur Faap De Oiad, qu'il faut aller écouter au casque et dans le noir, sans oublier votre couche).

Bref, à force d'écoutes... cet album s'est peu à peu transformé en un truc spécial que je ne saurais trop décrire. Un Lateralus version 2, qui se mérite. Il mérite qu'on s'y attarde parce que ce qu'il renferme est une délivrance spirituelle, un condensé de puissance, une dose d'adrénaline jouissive et addictive, un indispensable pour tout fan de prog. Le meilleur album de Tool ? Impossible à dire pour l'instant, mais je le vois bien en tête avec Lateralus dans mon top albums de chevets dans quelques années.