Fenêtre Sur Rue, un album d’Hugo TSR sorti en 2012 est une référence assumée au film d’Alfred Hitchcock sorti en 1954 ; Fenêtre sur Cour. Si l’album de rap ne possède qu’un mot de différence avec le film dont il inspire ce n’est pas par hasard, le jeune rappeur du 18e arrondissement de Paris dresse ici un tableau critique de la vie parisienne en banlieue.
Le film est truffé de références cinématographiques, empruntant par exemple un dialogue venant du Silence Des Agneaux afin de créer un habile parallélisme entre le rappeur et Hannibal Lecter incarné par Anthony Hopkins. On peut aussi noter Donnie Darko, Invasion Los Angeles, Pirate des Caraïbes, Old Boy et 300. Ainsi, à travers les samples utilisés, Hugo TSR cherche à s’adresser au spectateur pour révéler une part de son identité et de ses opinions. Une manière indirecte utilisée pour créer un univers intéressant et riche dans cet album. Si l’album cherche de toute évidence à dénoncer, il a également pour but de raconter à travers des instrumentales variées, un flow agressif et du vocabulaire recherché pour venir porter son message à une époque où le rap français n’était pas aussi populaire qu’aujourd’hui.
Par conséquent c’est un premier lien que nous pouvons tisser puisque le rappeur utilise une ligne de dialogue venant du début de Fenêtre sur Cour dans un 5eme titre éponyme à l’album avant de commencer à rapper.
“J’suis cloué dans un appartement de deux pièces mais rien d’autre à faire que de regarder par la fenêtre ce qu’il se passe chez les voisins”
Par ces propos nous pouvons voir l’essence même de l’album ; celle de longues observations qui vont s'avérer être source d’inspiration pour le jeune rappeur, racontant les faits et gestes de ses voisins tout en énonçant la difficulté de vivre dans les quartiers. Il raconte avec authenticité une vie fatigante, pleine de pauvreté et de violence, témoin malgré lui de ce qu’il se passe en bas de chez lui.
Tout comme le serait le personnage principal de Fenêtre sur Cour, un film qui finit par dresser le portrait de la société New Yorkaise de l’époque. Montrant frontalement les personnages tout en jouant avec ce qui est montré ou non, par le biais du voyeurisme d’un voisin beaucoup trop curieux malgré sa volonté de ne pas être dans cette situation. C’est là que nous pouvons relier ces deux œuvres, le fait d’être contraint à regarder par la fenêtre pour finir par observer avec détails ce qu’il se passe à sa fenêtre.
La fenêtre pouvant être le prisme de vision par lequel Hugo TSR traverse la vie de quartier en banlieue et la retranscrit au spectateur à travers son rap.
Des textes poignants et engagés qui cherchent à éveiller le spectateur sur une partie de la société qui vit la pauvreté avec intensité et d’une société qui chute constamment, un drame déjà illustré dans le film La Haine de Mathieu Kassovitz mais également les Misérables de Ladj Ly.
Cet écho nous pouvons par exemple le retrouver dans la cover de l’album qui montre un homme en train de peindre les lignes d’un corps qui semble s’écraser au sol depuis le haut de l’immeuble d’où est prise la photo. Le drame est peut-être déjà arrivé, peut-être que non, une chose est sûre ; jusqu’ici tout va bien.