Lorsque déboule Filth Hounds of Hades en mars 1982, en pleine New Wave Of British Heavy Metal, celui-ci fait l’effet d’une bombe. Dès son introduction tribale et la furie « Shellshock », l’auditeur est pris à la gorge par cette déferlante metal à l’énergie punk. Le son de ce power trio est d’ailleurs très rugueux, avec cette voix éraillée mixée légèrement en avant d’une guitare distordue et d’une section rythmique sobre mais efficace. Il faut dire qu’Algy Ward, leader et bassiste-chanteur du groupe vient de la scène punk où il a œuvré dans deux groupes majeurs que sont The Saints et The Damned.
Produit par Eddie Clarke, le guitariste de Motörhead, ce premier album déboule à cent à l’heure, emportant tout sur son passage avec des titres enlevés comme le furieux « Struck By Lightning », l’hymne « Run Like Hell » dont la pression ne cesse de monter jusqu’aux hurlements d’Algy qui viennent clore cet excellent titre ou le groovy « Blood, Guts & Beer » au riff principal mal maîtrisé mais qui donne un côté frais à cette chanson.
Après ces quatre classiques, le groupe calme quelque peu le jeu, avec l’étonnant « That’s What Dreams Are Made Of » aux influences proches de celles de Thin Lizzy et dont les emprunts au blues sont indéniables. En dépit d’un rythme plus lent, ce morceau parvient néanmoins à maintenir l’auditeur en haleine, surtout qu’il est ensuite frappé par le heavy punk « Turn Your Head Around » que n’aurait pas renié Motörhead voire Ted Nugent. Le rythme ralentit à peine avec l’épique « Heavy Artillery » dont le refrain claque comme un appel à la révolte.
Si les compositions paraissent assez directes dans l’ensemble, il ne faut pas oublier un titre comme « How Needs Love Songs » au riff boogie et aux changements de rythmes incessants qui renvoient à un croisement entre Aerosmith et Motörhead. Cette pause offerte est de courte durée, puisque « Filth Hounds Of Hades » vous cueille avec son riff groovy, avant ce nouvel hymne destiné à secouer la tête en cadence qu’est « (He Fell In Love With A) Stormtrooper ».
Si Tank a souvent été considéré comme un enfant punk de Motôrhead, on s’aperçoit avec le recul que c’est un constat réducteur. Certes, les parentés entre les deux power trios sont nombreuses, notamment leurs accointances avec le punk, mais Tank offre des notes plus blues que son aîné, tout en ayant influencé en profondeur le mouvement thrash. Reconnu comme l’un des meilleurs albums de la NWOBHM, Filth Hounds Of Hades est un classique indispensable pour tout amateur de metal.