Avec For all the bruises black eyes and peas et ses 21’, Raymonde Howard va passer dans votre vie aussi rapidement qu’un mirage mais ce genre de coup de vent va vous laisser une empreinte plus durable. Petite sœur de PJ Harvey ou de Scott Niblett, Laetitia Fournier, la Stéphanoise qui se cache derrière le pseudo, est bel et bien le genre de fille que l’on n’oublie pas. Douce et hargneuse, forte et écorchée, barrée et pourtant bel et bien terrienne, Raymonde Howard a l’âpreté du blues avec une guitare trainante qui colle aux basques et un son joliment poissard. Mais derrière le costume découpé au silex et la répétition d’un riff gras ou d’une parole scandée (« Fuck you » sur great minds think alike), des mélodies se frayent un chemin (Who ‘s got the girl).
C’est le cas de The Sculptress : ses guitares mises en boucles et sa rythmique sautillante nous révèlent une artiste potentiellement pop. Plus généralement, profitant de sa base musicale répétitive, Raymonde Howard peut épancher pleinement sa sensibilité féline un peu perturbée avec sa voix légèrement éraillée et user de chœurs salvateurs. Paradoxalement, l’envoutement n’est pas loin et on veut répondre favorablement à son appel plaintif Stay with me. Mais les morceaux passent rapidement et vous laissent le goût frustrant d’un coitus interruptus. La perverse Raymonde Howard vous séduit pour mieux vous abandonner ensuite comme un vulgaire kleenex.