Danser le foxtrot? non! mais le souper est prêt et on s'envole vers Jérusalem

Si Nursery Cryme était de la dentelle avec des jeux de croquets sanguinaires et érotiques et des légendes romaines et anglaises , Foxtrot lui est un amalgame d'apocalypse sociale (Get Em'out By Fryday) de science -fiction (Watcher of the Skies) et biblique (Supper's Ready, Can Utility and The Coastliners). Cette apocalypse on la regarde du ciel avec des yeux phosphorescents grands ouverts et des oreilles plein l'horizon.

Pour Genesis il était temps de se mettre à table et de pondre son premier chef-d'œuvre. Le voici dans toute sa splendeur musicale et malheureusement dans toute l'horreur de sa couverture.(la seule ratée de Paul Whithead). 5 morceaux pour entrer dans la légende , 5 morceaux que le groupe aura bien dû mal à égaler en puissance. L'époque était aux chansons qui durait un côté de disque, Genesis ici avec Supper's Ready réalise le plus puissant de ces côtés. Car ce qui sanctifie et canonise cet album c'est bien ce Supper's Ready. Seul VDGG arrivera avec le côté 2 de Pawn Hearts à un tel firmament. Mais Supper's Ready reste accessible, direct et surtout totalement hypnotisant en concert, faisant passer le morceau du studio au public par un théâtre inoubliable. On sait que Robert Lepage (le metteur en scène très doué) voulut justement faire du théâtre après avoir vu le groupe en spectacle. Supper's Ready joue avec les mythes bibliques, les amoureux et les jeux de mots dans une apocalyptique vision de l'humanité. Genesis , malgré les deux albums qui suivront, n'arrivera plus jamais à pareille concision , précision et puissance sur aucun autre morceau. Si les rois et les reines laissent leurs marques , si les faibles meurent, Genesis est un géant mi-homme mi-dieu qui entre dans la postérité, la légende avec ce disque; surtout grâce à Supper's Ready. D'ailleurs en concert le spectacle finissait avec ce morceau et très très rarement le groupe faisait un rappel. Gabriel avait dit en entrevue: “Que voulez-vous que l'on joue après ça ?” En effet on se le demande encore 50 ans plus tard .