Les leaders du metal français?
Gojira est un groupe pratique. On a souvent connu ces conversations autour d'un thé ou d'une bonne bière où les opinions culturelles s'affrontent, sur tel ou tel groupe, tel ou tel album. Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas, disent nos chers aïeux, mais pourtant, on se doit de défendre les artistes qu'on aime.
Gojira permet d'effacer tout ça.
Quand le dossier Gojira tombe sur la table, les commentaires dithyrambiques sont légion. Et votre pote ultra trve tombera alors enfin d'accord avec votre cousin amateur de trip hop ambient à haute teneur en concepts abscons.
Dès "Ocean Planet" on sent qu'on a affaire à un groupe pas comme les autres. Les chants de baleines nous bercent et nous font comprendre où la pochette veut en venir. Puis les riffs tombent. Et là on sent que Gojira a des choses en plus à dire. Dès les premières secondes, la musique de Gojira se démarque, et nous fait goûter à du Death Metal pétri d'intelligence. Fini les ambiances de tronconneuse, bienvenue dans quelque chose de profondément nouveau.
Si Gojira fait surtout parler de lui à cause des convictions écologistes de ses membres, il faut rendre à ce groupe une véritable originalité, y compris dans les parties purement metalliques. Car le propos se concentre ici sur la lourdeur, un parti pris finalement pas si courant dans le metal, alors qu'on peut se demander quelle musique pourrait mieux exprimer le chaos cosmique de deux planètes se rentrant dedans.
Alors que les morceaux les plus sauvages du groupe ("Backbone", "Ocean Planet", "From The Sky", "Where Dragons Dwell") permettront un heandbanging ample et jouissif en concert, le côté calme et ambiancé, le penchant clair, donnera à cet album le contraste et la profondeur necessaire pour faire de ce disque un album incontournable.
(Contrairement à Meshuggah et ses dérivés par exemple, qui peuvent parfois manquer d'un peu de feeling)
On peut notamment goûter cet aspect plus "ambient" sur "Flying Whales", "World To Come", et surtout "Global Warming": Une impressionnante illustration de la lente agonie d'une planète dévorée de l'intérieur.
Au final, Gojira est son pire ennemi, car si celui-ci est bien loin devant toute concurrence, tous les prochains albums du groupe devront justement souffrir la comparaison avec ce From Mars To Sirius impeccable.
La note de 10 peut sembler exagérée, ou en tout cas manquant totalement d'objectivité, cependant, si la perfection n'existe pas, je n'arrive pas, malgré les très nombreuses écoutes, à trouver de défaut à cet album. Gojira produit ici un metal original, neuf, équilibré, dense. En un mot, Gojira joue ici un metal extrêmement intelligent. Et quand le chroniqueur cherche encore et encore, en y trouvant absolument rien à redire. Et bien il met 10.