Avec From Zero, après sept ans d'absence, Linkin Park compte bien reconquérir son public avec un album court qui annonce un nouveau départ mais paradoxalement bourré de références au passé.
Suite à une intro étrange, l'album démarre avec The Emptiness Machine, un morceau qui m'a fait chialer à la première écoute il y a deux mois. Je pense que ça va plus parler aux fans du groupe de la période allant de Minutes to Midnight à The Hunting Party, mais la ligne de chant de Mike qu'on va répéter à l'octave et la façon dont elle est construite, la rythmique Rock énergique et le son des claviers, c'est très représentatif de cette vaste période pour moi. C'est clairement l'une de mes chansons préférées sorties en 2024. Cut the Bridge est un autre coup de cœur car cette fois-ci je n'attendais pas le groupe dans ce registre. Il y a quelques accords de guitare appuyés par du synthé, une partie de batterie assez simple et un refrain qui m'a totalement emporté. Le groupe enchaîne ensuite avec un gros clin d’œil à l'album Meteora à travers Heavy Is the Crown. La façon de rapper, les refrains énervés, le scream qui fait penser à Given Up de Minutes to Midnight, tout est millimétré pour nous emmener à nouveau dans cet univers familier. Over Each Other est une ballade qui pour le coup me rappelle un peu One More Light vu le co-compositeur engagé, mais pas le pire de One More Light dans le sens où sans que le morceau ne décolle particulièrement, ce n'est pas immonde.
On en vient à la partie qui me laisse un peu de côté dans l'album, l'enchaînement de Casualty et Overflow. J'aime la violence mais chez Linkin Park les meilleurs morceaux où Chester envoyait la sauce étaient pour moi ceux où il débarquait pour contrebalancer une partie beaucoup plus calme, totalement absente ici (Victimized par exemple). Sur le principe ça fait du bien par où ça passe mais alors que le morceau est court, je le trouve déjà trop long. Overflow me fait penser (c'est très précis vous allez voir) à Kanye West et Jay-Z qui samplent Cassius sur le morceau Why I Love You. Ça me fait un peu bizarre d'entendre Mike dans ce registre, je n'accroche pas plus que ça aux parties d'Emily aussi mais on va dire que c'est atmosphérique. Il faut dire que l'album est parsemé d'intros et d'outros étranges, que ce soit un son de bandes qui se rembobinent, des nappes de synthé inquiétantes où les membres du groupe qui discutent. Ils faisaient déjà un peu ça dans The Hunting Party mais comme l'album est plus court cette fois ça casse un peu l'ambiance par moments.
Le groupe fait ensuite un hommage à Hybrid Theory avec Two Faced, suite spirituelle de One Step Closer où les "Shut up when I'm talkin' to you" deviennent des "Stop yelling at me" tout aussi énervés. Stained est pour moi le morceau le plus Pop de l'album avec Over Each Other, un titre au refrain très agréable qui m'a un peu fait penser à la période That's the Spirit de Bring Me the Horizon dans la façon dont la mélodie est agencée (la partie d'Emily me fait penser à Follow You très concrètement). IGYEIH est mon troisième coup de cœur de l'album parmi les titres qui ne cherchent pas à faire du Hybrid Theory/Meteora. C'est puissant, j'adore les pré-refrains qui font monter la tension d'un cran, c'est très réussi. L'album se termine sur une ballade vocalement exigeante avec Good Things Go, un titre très mélancolique.
J'ai été touché par ce nouvel album même s'il y a un peu de fan-service. Déjà, Emily s'intègre parfaitement au groupe et alors qu'une partie des "fans" fantasme sur des versions nazes avec la voix de Chester qui vient la remplacer grâce à l'IA, honnêtement il y a plein de parties que je n'imagine pas du tout pour Chester, même en arrangeant la tonalité. Colin joue bien même si le son et les parties de batterie sont peut-être un peu plus sages que du temps de Rob Bourdon et surtout Mike est revenu avec de bonnes compos, aidé par des copains pour une bonne partie de l'album sans que le résultat sonne "moins Linkin Park" contrairement à One More Light.