Fun House ou le train fantôme le plus terrifiant du Rock ...
FUN HOUSE ! ..Ces attractions pour enfants pleines de petits jeux. Des sols en mousse, des miroirs déformants, des piscines à boules..Ces grands manèges trop bruyants, trop colorés, trop irréels, toujours un peu flippants, qui hantent ces fêtes foraines glauques et bon marché.
Fun house sera donc le titre du deuxième album d'Iggy et ses Stooges, qui sortira en 1970, comme pour prévenir le monde entier que le "Flower power" et ses utopies d'amour et d'égalité était bel et bien derrière nous.
Que l'Iguane s'est effectivement servi de cet album fou comme d'une pelle pour l'enterrer, taper sur la terre fumante pour la tasser, et éviter que ces hippies aux fleurs ridicules dessinées sur leurs visages, et aux pupilles trop dilatées pour voir la vérité du monde, ne repointent le bout de leurs nez.
C'est donc un album qui depuis 40 ans se prête à des milliers de qualificatifs, tout en restant cyniquement indéfinissable. Des adjectifs évoluant au fil des décennies, passant d'odieux, atroce, abominable,terrifiant ou diabolique dans les 70's; à majeur, précurseur, avant-gardiste dans les 80's, pour devenir génial ou visionnaire de nos jours.
Un album qui reste aussi traumatisant qu'il y a quatre décennies. Une expérience unique dans l'histoire du Rock'n'Roll. Un voyage au bout de la folie, au bout d'une époque sanglante pour les Etats-Unis.
Des chansons brutales, sanguinolentes mais dont la pureté Rock ne sera plus jamais atteinte. Des guitares sauvages, violentes. Un saxo dissonant et plaintif. Une voix qui déchire le puritanisme Ricain à grands coups d'hurlements orgasmiques et d'incantations guerrières. Qui laisse entrevoir derrière les scarifications scéniques d'un Iggy rongé par la came, les meurtrissures Vietnamiennes, "klaniques" et "présidenticides" d'une Amèrique malade.
Alors oui, cet album est une putain de "Fun house" de films d'horreur, avec ses sols mouvants où l'on s'enlise irrémédiablement sans pouvoir en sortir et ses miroirs déformants que l'on préfère éviter par peur d'y découvrir une autre personne.
Un miroir déformant qui aura eu l'immense mérite de déformer à jamais l'idée même du Rock'n'Roll..