Fun House par LeChiendeSinope
L'album le plus sauvage de tous les temps. Ecouter Fun House, c'est comme se piquer le crâne avec une seringue remplie de napalm. Inutile de continuer à faire du rock les gars, ça sert à rien, autant arrêter tout de suite, vous ne serez jamais aussi brutaux et débridés qu'Iggy et ses potes (la vingtaine passée depuis peu à l'époque !) sur cet album. C'est simple, son écoute me donne à chaque fois envie, immédiatement et peu importe l'heure ou le jour, d'aller me prendre une cuite avec du vin de table dégueulasse et de me déhancher, nu, dans tous les sens comme un ver de terre.
A vrai dire, tout est hallucinant dans cet album. Les vocaux, c'est juste du grand n'importe quoi. Iggy hurle comme un dément, crache, éructe, sniffe, tousse, on croirait entendre un vieux saoulard. Ron lui fait au moins autant de la merde avec sa gratte. Il la torture littéralement. De toute façon, il l'a dit je crois, il ne savait pas en jouer, et n'en faisait donc qu'à sa tête, donnant à son instrument ce son si sauvage.
L'album démarre doucement avec Down On the Street. Le single. Drôle de tronche pour un single. Une chanson qui donne, un chroniqueur l'a dit, envie de baiser et de se battre en même temps. C'est vrai. C'est primaire et cru, mais ces riffs de guitare tranchants ont aussi un côté terriblement érotique.
Loose suit ensuite, un classique. La tension commence à monter.
TV Eye est culte. Le cri poussé par Iggy, « Lord » au tout début, est juste incroyable, et puis le riff monumental de Ron qui dure plus de quatre minutes pousse l'auditeur à gueuler et sauter comme un fou dans tous les sens, c'est presque mécanique. De la très bonne came, putain.
Dirt vient mettre un terme provisoire à la fête. On ne rigole plus. Ce titre est glauque. Sa ligne de basse démoniaque est l'une des plus connues du rock. Au milieu de la chanson, la guitare s'envole et pleure pendant de longs instants.
Et puis arrive la Face B. 1970 renoue avec la furie après l'accalmie de Dirt. Le cri que pousse Iggy à répétition, « I Feel Alright » s'éternise, et puis, soudainement, débarque le saxophone de Steve Mackay. C'est là l'idée de génie de cet album, à mon sens. Ce putain de saxophone complètement débridé qui part progressivement en vrille. On s'approche du free jazz, impression confirmée avec l'écoute du morceau éponyme et surtout de L.A. Blues, morceau chaotique, indescriptible, pas vraiment audible mais diablement foutraque.
Fun House, c'est l'essence même du rock. Un disque qui restera à tout jamais cru, primaire mais pourtant terriblement moderne.