J'avoue avoir un peu peur de laisser une critique négative de cet album, parce que je risque de passer pour un connard de puriste. Je ne suis pas un spécialiste du rap, ni un vieux qui en écoute depuis les années 90, ni un jeune qui en écoute pour se la raconter. Je suis juste un type à la recherche de bons sons, qui a décidé de se mettre récemment au rap et qui a décidé, un beau jour, de se pencher sur la carrière de ce bon vieux Booba.
Même si je n'ai pas encore tout écouté dans le détail, j'ai quand même une connaissance globale de sa discographie et je peux désormais émettre un avis personnel sans trop passer pour un con (enfin j'espère).
Booba m'est devenu détestable depuis l'album 0.9, qui marque un tournant dans sa carrière. Un tournant que je n'apprécie pas vraiment. Voire pas du tout. C'est à partir de cet album qu'il a commencé à perdre toute la complexité de ses textes et de ses musiques et à devenir une caricature de lui-même. J'ai lu sur SensCritique des critiques affirmant que Booba ne trompe personne sur la marchandise, que si on écoute B20, faut pas s'étonner de voir défiler des biatches, des guns et des caisses de beauf. Certes, Booba a toujours joué au thug, au gangster décomplexé et violent. Cependant, ces images ne représentaient pas la même réalité.
Booba, à l'époque de Temps Mort, Panthéon et Ouest Side, se présentait comme un homme à la personnalité complexe et torturée. Il était dans un egotrip permanent, le présentant comme un thug tout-puissant, mais il suffisait de se pencher sur ses textes pour voir que Booba ne s'arrêtait pas ce simple egotrip. Dans certains morceaux ou couplets, on voyait sa carapace de gangster se craqueler et laisser apparaître un homme fragile, triste et rongé par l'absurdité de son existence. Il était le genre de mec qui pouvait tuer de sang froid et faire son business sans sourciller la journée, mais qui le soir se regardait dans la glace et se disait qu'il foutait sa vie en l'air. Alors il allait trouver du réconfort dans un lit, accompagné de trois putes, mais rien n'y faisait, il restait homme brisé et engagé sur une route dangereuse de laquelle il ne pouvait désormais plus s'enfuir. La seule chose qu'il pouvait faire, c'était continuer dans cette voie, devenir le plus fort et descendre tous les mecs qui lui barraient la route. Voilà, quel personnage incarnait Booba et quelles images sa musique représentait. C'était cru, amer, sans concession, mais c'était beau et humain.
Aujourd'hui, Booba a laissé tomber ces considérations purement poétiques pour se concentrer sur le reste, à savoir : les biftons, les bonnes meufs et les kalash. C'est un peu triste quand même. J'ai du mal à croire que c'est ce même rappeur qui m'a fait frissonner de plaisir avec le morceau Pitbull dans Ouest Side. Que s'est-il passé ? A vrai dire j'en ai rien à foutre. Je le laisse à ses délires, s'il s'y plait, tant mieux pour lui. C'est juste un peu dommage qu'il n'ait plus envie de parler aux gens. Pour le moment il se parle à lui-même et visiblement, il n'a plus grand-chose à raconter. Bref, j'ai pas envie de passer des heures sur cette critique, je trouve cet album navrant et frustrant dans la mesure où Booba n'a pas toujours été aussi caricatural.
Bon, il y aussi ceux qui pensent que cet album s'écoute au second degré, pour se fendre la gueule comme un débile. Certes, on peut le faire c'est pas interdit, mais mes oreilles le refusent. Je peux faire abstraction des paroles, mais pas des beats et de la musique. Et dans mon cas, ça ne passe pas, mais alors pas du tout. J'ai trouvé les sons de cet album dégueulasses et c'est peu dire. Donc d'une manière ou d'une autre, on ne me fera pas écouter une minute de plus de cet album. A la limite si je veux écouter des imbécillités avec du son qui tabasse, j'écoute les albums solo de JoeyStarr, qui ne sont pas terribles mais qui de mon point de vue passent mieux que Futur.
Ah et il y a aussi ceux qui voient Booba comme un grand génie, un grand poète et qui pensent que Futur en est la parfaite illustration. A ceux-là, je ne sais pas quoi leur répondre. Je vais donc m'abstenir et m'arrêter ici.
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