On a dit récemment tout le mal qu’on pense du dernier né de Florence & the (grosse) Machine. Même producteur, mêmes prétentions de grandeur électro-pop, à ce stade il est inutile de préciser que le duo de The Big Pink ne fait pas dans la dentelle non plus. À ceci près qu’il maîtrise, lui, la science du refrain. La production dans Future This n’est alors plus une fin, comme chez Florence, mais bien un moyen, habile, de décupler la puissance mélodique des chansons.
Dans A Brief History of Love (2009), on sentait déjà par moments que Robbie Furze et Milo Cordell tenaient LA formule magique, celle qui permet de soulever une foule simplement, à l’aide de gros son et d’airs à entonner en chœur. Mais le problème résidait justement dans le « par moments ». Avec Future This les deux anglais ont su créer un album équilibré et évident, ce genre de disques qui s’apprivoisent en deux fois. La première écoute nous met au parfum des refrains, immédiatement assimilables de par leur capacité à titiller l’oreille : le rythme se fait tout à coup plus insistant, la phrase mélodique se déploie, les voix s’envolent. Dans ce registre, « Future This », « Give it Up », « Lose your Mind » ou « Rubbernecking » sont imparables. Rien de vraiment révolutionnaire, mais suffisamment tout de même pour se mettre à entonner en chœur des phrases dont le sens s’oublie derrière un engouement soudain. La science pop est bien là.
Les refrains digérés, la seconde écoute est alors celle qui nous fait apprécier les couplets. Ici ils jouent très bien leur rôle de mise en bouche : beats house puissants tout droit hérités des années 90, sons de claviers mastodontes, le son des deux anglais envahit l’espace et leur travail sur les effets (réverbérations, distorsions, équilibre entre bruits et mélodies) est assez bluffant. On devine que le nombre de couches d’instruments à traiter à du être effrayant ! Et c’est précisément là que le rôle du producteur (ici Paul Epworth) intervient. À lui de savoir orienter ses poulains sur la marche à suivre pour affiner leur personnalité et se distinguer de la concurrence.
En l’occurrence Paul Epworth a clairement recentré The Big Pink sur la piste dance alors que l’identité du groupe dans son premier album était plus bâtarde, vraiment à mi-chemin entre électro et rock. Les guitares dans Future This sont donc souvent noyées sous des couches de claviers ou de noise, mais on sent bien que ce qui pourrait apparaître au premier abord comme de la confusion, de la surcharge, est en fait un travail millimétré. Alors bien sûr ce disque pourra sembler assez assommant si l’on a le malheur de subir au quotidien son quota de pollution sonore. Mais pour peu que l’on soit d’humeur à prendre facilement son pied, Future This se pose là en tant que produit de son temps plutôt bien calibré.