g.o.d. à l’entrée du domaine, retiens bien ses lettres de tristesse.


Les rapports changent, le cryptique n’a jamais été aussi imposant. Rentré dans la vague des annonces cryptées, certes, mais avec une proposition, en ouverture de l’autre, de retravailler sa musique. Un geste qui s’inscrit dans une hypothèse ; Lopatin cherche — quoi? un réel possible?


Dans quelle mesure sa musique peut-elle former une représentation de la réalité?


Replica avait commencé à fouiller les limbes.
R+7 s’était érigé comme une pierre étrange dans le vide.
Commissions I & II étaient des jeunes universitaires.
g.o.d est. s’inscrit. voit. parle.


Qu’est-ce qui se passe avant tout? Comme d’habitude une élévation. Volonté de transgression. Une base et une relecture. Amas de samples. Faux glitch. Synthés en vogue. Et du noir, en nouveauté surannée. L’espoir final de Chrome Country a disparu. Reprise dans Freaky Eyes comme une marche funèbre. Et en filigrane, NIN, oui, un peu. Industriel, usine en décomposition. Comme une genèse inversée. Une pointe d’énervement, accélérons les choses.
Ezra, en fer de lance, est tributaire d’un fracas personnel, d’un besoin de vitesse. ‘Who’s afraid […]?’ murmure pour lancer le plus bordélique de ses morceaux. Mais c’est les cris qui reviennent, pour te prendre, t’amener à lui. Un brisement.
Son esthétique n’est pas un casse-tête, elle est immédiate. Lettres vertes sans charabia métaphilosophique. Volonté d’ouverture pour mieux saisir, mieux comprendre. L’univers qui l’entoure, qui l’a formé, se dépixelle sous ses yeux. Il ne souffle pas sur les miettes mais les fait siennes, et interroge. D’où l’apparent n’importe quoi. L’amas n’est pas là pour jouir d’internet, mais pour briser le bloc, la vitre. Hyperboliser. Creuser. Et communiquer. Et pas avec Ezra, ersatz d’un alien sans origine. Connaître.


g.o.d. comme sacoche louis vuitton.
g.o.d. comme des vieux néons.
g.o.d. comme un bug w98.
g.o.d. comme un rdv tinder.


Par un geste annonciateur et demandeur, il y a une inscription dans un temps étrange, satisfaisant mais révoltant, un bien-être hypocrite. Les vocoders cassés de No Good sont là comme un espoir un peu brisé. Un motif temporel en décrépitude. Où?(!) On se désaccorde et on se baisse.

Lucid
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste The Great Adventure

Créée

le 2 oct. 2015

Critique lue 2.3K fois

31 j'aime

60 commentaires

Lucid

Écrit par

Critique lue 2.3K fois

31
60

D'autres avis sur Garden of Delete

Garden of Delete
Gweilo
9

Daniel au pays des cauchemars

"Est-ce que, par hasard, on m'aurait changée au cours de la nuit ? Réfléchissons : étais-je identique à moi-même lorsque je me suis levée ce matin ? Je crois bien me rappeler m'être sentie un peu...

le 29 déc. 2015

9 j'aime

Garden of Delete
Ripailloux
9

Critique de Garden of Delete par Ripailloux

Je l'avoue, je n'avais jamais entendu un seul morceau d'Oneohtrix Point Never, le nom d'enregistrement qu'utilise Daniel Lopatin, un américain assez obscur dont les productions sont pourtant...

le 3 nov. 2015

8 j'aime

1

Garden of Delete
KiidCathedrale
9

Critique de Garden of Delete par KiidCathedrale

Du haut d’une montagne d’instruments désaccordés, un loup gueule à la Mort. Sa plainte est de métal, ses souffrances, bien réelles, lui perforent les poumons. Une armée de chênes désabusés absorbe...

le 5 nov. 2017

2 j'aime