Avec Gardens & Villa, le label Secretly Canadian frappe un grand coup : un groupe à la pop post-moderne qui sort un album réjouissant. Bingo !
Santa Barbara est plus connu pour sa série que pour ses groupes de rock. Un fait qui pourrait en partie changer avec l'arrivée de Gardens & Villa et l'avènement d'un nouveau groupe phénomène de l'indie pop américain. En 2010, Secretly Canadian dénichait Suuns pour un début de consécration à la Route du rock l'année suivante ; Gardens & Villa pourrait prendre le même chemin avec un an d'intervalle. A fortiori car la musique des Californiens, autant dans l'air du temps que celle des Montréalais, n'en est que plus abordable.
Ce premier album peut être justement abordé de deux manières : la première est simple et pragmatique. Ces Californiens ont le chic pour faire jaillir des titres éminemment , pop, accrocheurs et malicieux d'un terreau originellement plus trouble et tortueux. Le single synthétique et obsessionnel Black Hills en est le plus sûr exemple.
En deuxième lecture, on peut voir dans cet album l'accumulation de motifs hérités de 40 ans de musique et dès lors, l'univers de Gardens & Villa ressemble à un jeu de piste amusant où l'on peut essayer de trouver dans quelle chanson d'antan on peut retrouver tel gimmick, , telle programmation, tel accent mélodique. La rythmique d'Orange Blossom n'aurait elle un faux air roublard de Tom Tom Club ? Le petit air de clavier de Thom Castles derrière les guitares n'est pas emprunté à China Girl de David Bowie ? Ne retrouve pas dans spacetime l'urgence d'un groupe de rockà billy mais dorénavant joué avec la délicatesse des , spatiaux Beta Band (car en plus, Gardens & Villa aime les oxymores musicaux), ? L'irrésistible Star Fire Power ne ressemble-t-il pas à , un nouveau, Fade to grey joué plus nerveusement à la, New Order ?
Je m'arrête là car ce disque est un vrai défi à sa propre culture musicale et il est suffisamment riche pour offrir à chacun la possibilité de trouver ses propres références et suffisamment détaché de celles-ci pour ne faire l'unanimité sur aucune. New wave, krautrock, indie pop, lofi,, hippie chic sur le rêveur Sunday Morning,, Gardens & Villa est un peu tout ça et même un peu plus encore.
Entre les deux manières d'aborder ce premier album, la première est encore la meilleure. Ouvrons nos esgourdes sans réfléchir de trop, profitons du talent fédérateur de Gardens & Villa et réjouissons nous : la vie est courte pour écouter triste.