Il est 2h26 du matin. Le moment est venu d'en finir. Au bout de notre périple se trouve la lumière. Vous avez été secoués par Deconstruction ? Ou pire, vous voulez abandonner là ? Eh revenez, vous allez être sacrément surpris par Ghost, l'album-"dessert" qui termine la marche. En totale opposition avec Deconstruction, il est pourtant sorti le même jour que celui-ci, dans un coffret 2CD qui regroupe les deux albums, et qui se nomme The Calm and the Storm. Vous aimez la musique New Age ? L'ambiant ? Vous avez adoré Ki ? Laissez-moi faire les présentations.
Deconstruction donc, c'était l'album de l'âge adulte, et tous les vices qui vont avec. Et bien Ghost, c'est la retraite, le moment serein où on peut enfin se reposer et repenser aux vieux jours non sans une certaine nostalgie. Les trois premiers albums de la quadrilogie (ça y est je dis plus "tétralogie") évoquaient la vie passée de Townsend. Place au présent : guitares aériennes, flûte de pan, claviers à toute berzingue, j'ai comme l'impression que le Devin se sent apaisé. Il va même jusqu'à s'octroyer les services de Madame Kat Epple, jadis musicienne au sein du groupe Emerald Web (mouvance New Age). Les membres se permettent même de nombreuses improvisations très brillantes : pour preuve, les trois quarts de l'album n'ont pas été composés, c'est que du feeling.
Malgré cette paix omniprésente, l'album traite aussi de sujets plus angoissants comme la mort ("Kawaii"). Cependant, elle ne semble pas effrayante ici. Juste un passage obligé. Comme disait Depardieu dans un certain film de Blier (les vrais savent) : "De toute façon, on y va tous. C'est la seule chose dont on soit sûre. L'important c'est de savoir à quelle vitesse on y va". Je ne parlerai jamais assez du morceau-titre, superbe ballade que Townsend n'a en réalité que retranscrite à l'oreille (en ajoutant des paroles à lui). Il avait entendu la mélodie en se promenant dans un parc de Vancouver, un couple la jouait. Chouette anecdote pour un très beau morceau.
A l'heure où tous les groupes se cherchent des concepts à la con comme pour justifier la légitimité de leur musique, le Devin Townsend Project sort Ghost, un album simple, beau, à écouter allongé sans penser à rien, et surtout pas en se disant "putain le concept est génial". Le sentiment d'être ailleurs, détendu. Libre.