Derrière ce pseudo de Radical Face, se cache Ben Cooper, moitié de The Electric President qui avait sorti un joli album en 2005. Comme Rob Crow avec Pinback, Ben Cooper s’émancipe de son projet initial sans en changer significativement l’esprit. Plus ambitieux et plus conceptuel, **Radical Face t**ransfigure son esprit lofi dans une musique à l’ampleur insoupçonnée de prime abord. L’album a été enregistré par le seul Cooper (ou presque) dans un hangar. A croire que les fantômes existent bel et bien, ayant pris résidence dans ce bâtiment de fer et de bois à Jacksonville beach, Floride. La musique de Radical face s’est nourrie de ces présences du passé qui habitent le lieu. Imaginons-les :
un émigré de l’Est à l’âme slave jouant de l’accordéon ou faisant teinter des verres ; un cow boy passant le temps avec un banjo ; un chef d’orchestre ayant connu son heure de gloire au milieu d’un orchestre symphonique et romantique ; un pianiste de bar aviné mais toujours vert amenant gaîté et joie à son auditoire ; une cohorte d'enfants de choeur à l'innocence intacte …Il doit y en avoir d’autres. Chacun a inspiré Ben Cooper et lui a montré la voie qui lui permet d'accoucher d' une œuvre (faussement) solitaire riche d’instruments hétéroclites (le hangar devait être rempli à bloc) et d’émotions entremêlées. Un disque aussi beau qu’un livre d’enluminures. Avec Radical Face, même les lieux ont une âme.