Goats Head Soup est autant l'album de Mick Jagger que Exile on Main St. était celui de Keith Richards. Jagger a d'ailleurs toujours ouvertement avoué préféré "le sien" à Exile, que tout le monde considère pourtant aujourd'hui comme le mètre-étalon stonien.
En 1972-73, Jagger entre de plain-pied dans la jet-set. Il se détache des plans blues-rock purs et durs pour privilégier le clinquant (aujourd'hui on dirait "bling-bling"). Goats Head Soup est à l'image de ce changement d'orientation. Le son est plus lisse, plus aseptisé, plus clair, plus soigné. Bref : Plus produit, alors qu'Exile on Main St. était plus rêche, plus brut et plus noir.
C'est ce changement immédiatement perceptible que la plupart des gens n'ont pas aimé. Pourtant cet album, qui n'est certes pas sans défauts ("Coming Down Again" et "Winter" annonçant par exemple les navrances guimauve de "Fool to Cry" ou "Memory Motel" de Black & Blue), est bourré de qualités malgré ses moments de remplissages ("Silver Train" récupéré des sessions de Sticky Fingers et "Hide your Love" dans une moindre mesure).