Une rapide recherche sur le net vous montrera que Mono est un groupe qui touche tout le monde. Bon là, j’exagère un peu car à proprement parlée, la musique des Japonais n’est pas faîte pour toucher la majorité. Instrumentale avec des titres allant jusqu’à 15 minutes et quelques accès de violence qui effraieraient une bande de hooligans avinés, on a déjà vu plus grand public. Mais Mono est devenu avec le temps une référence pour différents groupes de fans de rock généralement opposés dans leur goût. Un peu comme Tool qui arrive à jouer les rassembleurs. Aiment donc Mono : les post-rockeurs (à la base la famille la plus évidente), les noiseux, les hardcores mais aussi les gothics et les métalleux, voire les fans de rock progressif s’ils avaient des webzines dédiés à leur genre chéri. Et dès lors, Mono est un groupe dont la sortie d’une compilation de raretés (ici une collection de EP’s entre 2000 et 2007) devient un petit événement. C’est vrai que la qualité d’un groupe se voit parfois dans ces morceaux bis, ne figurant pas sur des albums et qui s’avèrent dans le cas de groupes importants, indispensables.
En mettant bout à bout des titres de 2000 à d’autres datant de 2005-2006, on s’aperçoit combien le groupe de Takaakira Goto a changé. Des débuts encore sous grande influence noise usant aussi de guitares réverbérées, à une halte plus métal avec Yearning (enregistré sur un split album avec Pelican avant de finir sur le décevant You are there). Puis les cordes font leur entrée à partir de memoria dal futuro et due foglio, una candela : il soffio del vento (deux titres originellement sortis sur un vinyle). Dès lors, à l’instar de Godspeed you black emperor, Mono a plus d’ambition et des velléités contemporaines et jusqu’à l’apothéose symphonique Gone sur l’EP The Phoenix tree en 2006. Une trajectoire révélée dans un seul disque qui montre que si le groupe a évolué, il a su rester lui-même, travaillant toujours avec Steve Albini (depuis 2004), restant toujours post-rock dans ces sons de guitare, dans ces longues plages d’observation (Black rain et sa douce récitante) et ses expulsions violentes d’un trop plein d’émotion. Dès lors – et il faut le savoir - la mise en place du CD dans le lecteur vous oblige à écouter jusqu’au bout les 76’ d’une indispensable compilation.