C’est une habitude – certains diront une tare – de certains de nos artistes francophones. Celle de faire dans le rigolo. Perpétuant la tradition des chansonniers, le rock n’y échappe pas et il n’y a qu’à voir le succès des Wampas ou la sélection à l’Eurovision des Fatals Picards pour se dire que l’esprit de gaudriole a encore de beaux jours devant lui. Les Trois accords sont un peu la version québécoise de nos maîtres étalons hexagonaux du genre ; un groupe qui a vendu 300.000 copies dans son pays et a l’honneur –est-ce un honneur- de faire la première partie des Rolling Stones. Ils sont sympathiques, ces Trois Accords ! Ils affichent leur non-ambition musicale dès leur nom et s’y tiennent. Et puis, l’accent québécois – au final assez rarement entendu dans le genre punk-rock – accentuera l’absence de sérieux qui émane invariablement de leur musique. Tout comme chez les Wampas et consorts, on peut voir les choses de deux manières. Apportent-ils une dose d’humour pour mieux noyer le poisson face à leur musique survitaminée mais fadement calibrée ?
Ici, les moyens de nous faire sourire s’appellent : des textes voulus comme amusants, des chœurs volontairement haut perchés (Jean), des lignes de chants décalées ou des touches de folklore local (St Cyrille-de-wendover pas piqué des hannetons). Ou ce décalage perpétuel nous détournerait des qualités à mettre au crédit des Québécois ? En l’occurrence, une production musclée et efficace et quelques mélodies bien troussées avec même de jolies chœurs (Youri et son petit côté Indochine – groupe involontairement rigolo ; Grand Champion tube du genre). Certains textes rehausseront ou gâcheront –suivant le goût de l’auditeur et son sens de l’humour - les musiques qui les accompagnent (Tout nu sur la plage). Tout comme certaines lignes de chant en voix de têtes ruineront de bons mouvements (Louis-Felix-Antoine). Les fans du genre, nombreux et pas forcément difficiles, vont apprécier ; les autres, pas toujours ouverts, vont rester totalement froids.