C’était peut –être le match de 2008 : La Chanson du dimanche vs La Pompe Moderne. Le premier a sans doute gagné par rapport au second, le second ayant hypothéqué rapidement ses chances de victoire en ayant du changer de nom. C’est vrai que « The Brassens », c’était vraiment un nom génial qui avait le mérite d’expliciter parfaitement en un seul mot, la démarche de ce drôle de trio. Mais les ayant-droits de feu George Brassens étant intervenus (notons que The Verlaines, The Jean Paul Sartre experience et d’autres n’ont eu aucun problème de ce genre…preuve que du côté de Sète, on n’a pas beaucoup d’humour…passons), le groupe est devenu la Pompe Moderne. Le principe est pourtant toujours le même : revisiter des titres du "patrimoine" (tendance quand même "variété ringarde") à la manière de George Brassens ; soit le télescopage des deux univers précédemment inconciliables. Remarquez quand Nouvelle Vague reprend Killing Joke en version bossa, il obéit ni plus ni moins à la même pulsion aventuro-décalée. C’est sûr reprendre Boule de Flipper de Corynne Charbit (donc le seul aspect remarquable aura été d’avoir un « y » dans son prénom) ou Libertine, c’est forcément plus marrant (et peut-être moins essentiel car un titre de Mylène Farmer mis a n’importe quelle sauce reste un titre de Mylène Farmer, c’est à dire pas grand chose). La Pompe Moderne assume donc son concept qui tournera un jour en rond, qui lassera même les plus irréductibles tôt ou tard mais en attendant, prête à sourire.
Ajoutons qu’un groupe qui réussit l’exploit de sortir à la fois un Greatest Hits et un live pour son premier album, ce n’est pas banal. L’ensemble vaut surtout pour l’attente presque fiévreuse (j’exagère quand même un peu là) de découvrir à quoi Le bal masqué ou Je danse le Mia va pouvoir bien ressembler. Et de cette phrase qui sera largement prononcée à la fin d’un diner bien arrosé : "tiens, je vais te faire écouter un truc marrant ". On pourrait s’arrêter là et on aurait dit l’essentiel. Sauf que La Pompe Moderne donne deux autres raisons de se réjouir. D’abord, peut-être sans le vouloir, LPM rend Je kiffe la Vibe à César, c’est à dire non pas à Diams mais bel et bien à Pablo Beltren Ruiz et son Quien sera, le mambo des années 50 généreusement pillé par la Française. LPM rend justice à la vérité en se rapprochant de la version originelle avec des instruments à vent (par ailleurs, plutôt bien utilisés sur tout le disque...autre point positif mettre au crédit de LPM). Ensuite en tentant l’impossible dans une reprise de Harder, better, Stronger, faster, le trio fait la preuve évidente de sa créativité. Remplacez l’électronique samplé et déstructuré de Daft Punk semblait inimaginable et pourtant LPM relève le défi avec un mélodica, une clarinette et une batterie. ET ça le fait grave, même que l’on se voit carrément danser dessus (ce qui peut prolonger agréablement le diner bien arrosé susnommé). Avec ce titre, La Pompe Moderne aurait mérité de largement de remporter son match à distance d’avec la Chanson du Dimanche (socialement amusant, musicalement limité). Dommage…encore que la fin du duel n’est peut-être pas encore écrite.