On peut dire que les écossais ont bien choisi la date de sortie de Hardcore Will Never Die, but You Will : cette sainte-valentin 2011 sonne comme de belles retrouvailles avec le groupe instrumental tant aimé. C'était important après le faux pas The Hawk Is Hawling : les cinq compères semblaient alors se reposer sur leurs lauriers en ressassant avec paresse une formule qu'ils ont eux-mêmes élaborée.
Heureusement, et malgré une période de latence entre les deux albums encore courte (Mogwai nous habitue depuis ses débuts à une sortie tous les deux ans), on peut dire qu'Hardcore Will Never Die, But You Will relève la tête avec classe. On pourrait même ajouter que celui-ci n'est pas loin d'entrer sur le podium aux côtés des Young Team, CODY et Happy Songs for Happy People.


La qualité de ce retour peut s'expliquer pour plusieurs raisons : d'abord il signe le retour au premier plan de Dominic Aitchinson, le bassiste, clairement en retrait sur Mr. Beast et en panne d'inspiration, comme ses acolytes, sur The Hawk Is Hawling. Ici il subjugue par son son, sa patte reconnaissable entre toutes, et surtout son don de mélodiste. Doit-on cette bénédiction à ses seules compétences ? Ou au producteur Paul Savage, artisan de Young Team ? A la limite on s'en moque, mais il ne semble pas idiot de comparer, en certains points, la réussite de Hardcore à celle de Young Team.


D'une part parce qu'on retrouve dans ces nouvelles compositions une énergie qui n'est pas étrangère à celle des débuts : autrefois, le combo utilisait les distorsions, superposait les couches, aujourd'hui ils passent la quatrième, font parfois crier le moteur ("Mexican Grand Prix", "San Pedro", "George Square Thatcher") et la percussion vient désormais de leur sens aigu de la composition. A savoir qu'en quelques minutes le groupe aligne les plans avec une fluidité réjouissante, concentre les idées en un temps record ("Death Rays").
Paradoxalement, le grand morceau du disque n'est pourtant pas dans cette mouvance. Il n'est pas non plus le dernier de l'album, comme les écossais nous y ont souvent habitués en réservant leur longue pièce pour la fin ("You Are Lionel Richie" est belle, mais ronronne trop pour nous faire baver). Non le grand morceau de Hardcore, c'est sans aucun doute "Rano Pano" et ses cinq minutes de ritournelle diabolique qui tournent en boucle : il saisit par son contraste entre la lourdeur pachydermique du tempo et la beauté pure de sa mélodie.

Créée

le 29 août 2018

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François Lam

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