Quand on commence à lire le palmarès des Delgados, on ne peut qu'avoir l'eau à la bouche. On ne fonde pas impunément un label comme Chemikal Underground (signataire de Bis, Mogwai et Arab Strap), on ne séduit pas corrélativement le NME, le Melody maker et John Peel sans avoir un petit truc en plus. Les Delgados font forcément partie des groupes qui comptent. Et ce dernier album (le 4è) ne dément pas cette réputation. Toujours produit par dave Fridman (Mercury Rev), "Hate" provoque un sentiment de plénitude. Il faut dire qu'un titre comme Never look at the sun a de quoi laisser pantois : la voix d'Emma aux prises avec des cordes fiévreuses et profondes, la combinaison est magnifique. Sur Drowning years, c'est au tour d'Alun de s'y frotter avec autant de bonheur. Les Ecossais semblent se délecter de cette surabondance de cordes, de cuivres et même de choeurs d'enfants. Ca et là, les envolés lyriques se font trop emphatiques et tournent à vide (Child Killers malgré une fin rédemptrice , le refrain de All rise) mais quelques morceaux plus immédiat viennent assainir l'ambiance ; à l'image du single Coming from the cold rafraichissant à souhait. Les Delgados connaissent leur gamme par coeur et font preuve d'un talent de composition classique allant jusqu'à emprunter à Satie un piano le temps de Woke from dreaming. Sur tous les terrains, ces cyclistes-là avancent toujours en danseuse