Un sixième album paru en 2016 qui aurait pu laisser un goût amer chez les fans depuis la déception enregistrée lors de la sortie d'Indie City en 2014. Et pourtant la formation de Boston a récidivé et concrétisé la volonté ouvertement affichée de renouer avec les ingrédients qui ont fait son succès dès la fin des années 80 au travers de quatre albums marqués au fer rouge du rock alternatif.
La bassiste Paz Lenchantin (qui a remplacé Kim Deal en 2013 après un court interim assuré par Kim Shattuck) est ici exploitée à son avantage. L'Argentine soutient le rythme avec efficacité et ses interventions vocales sont offertes en contrepoint à un Black Francis qui s'époumone toujours aussi volontiers. Leurs voix se complètent à merveille ('Might as Well be Gone', 'Bel Esprit'), les registres tonaux respectifs reprenant leurs droits lorsque Franck Black est seul à monter au créneau, poussant l'organe au paroxysme, à la limite du hors-jeu ('Baal's Back') !
Comme à la grande époque, tous les morceaux sont débités en moins de quatre minutes chrono, timing dans lequel les Pixies s'expriment le mieux ('Baal's back' : 1:55 ' !) et faisant la part belle aux reminiscences punk rock impliquant un degré d'urgence bien défendu dans 'Um Chagga Lagga'.
Il y a de l'Iggy Pop (première époque) dans l'air, et ça n'est pas un hasard. Mick Jones n'est pas loin non plus et on pressent que Joey Santiago a été élevé au petit lait des Clash, prouvant si besoin en était encore que quelques accords bien sentis - la simplicité apparente est souvent trompeuse - emportent l'adhésion du plus grand nombre.
Head Carrier n'est pas l'album indispensable des Pixies mais il mérite amplement sa place dans une discothèque respectable, dépassant d'une tête ce que la production du genre a commis depuis plusieurs années.