Messieurs: rangez vos jeans larges, ressortez la gomina et les vestes militaires, enfourchez votre moto et partez vers l’horizon avec cet album, le deuxième de Hanni El Khatib. Alors oui, si vous ne le connaissez pas encore, ce qui est déjà une première honte en soi, ce nom vous inspire plutôt un immigré envoyé dans le train d’atterrissage du prochain Paris-Bamako qu’un californien d’origine philippine et palestinienne, ancien designer d’une ligne de vêtements pour amateurs de skateboard et aujourd’hui numéro 1 au hit-parade des radios rock et autres festivals de prestige (Coachella en avril dernier). Possédant depuis longtemps une admiration pour la musique d’une autre époque, et dans le même temps également directeur artistique d’un label, ce gaillard tatoué et plutôt bien gaulé décide de franchir le pas en 2011 avec une première galette, auto-produite et intitulée "Will The Guns Come Out", décharge garage et rentre dedans, aussi crade que le pot d’échappement de votre engin traversant la route 66. Après une tournée mondiale, HEK retourne en studio, avec son nouveau pote et désormais producteur Dan Auerbarch, chanteur/guitariste des Black Keys, rencontré à Paris (cocorico) autour d’un bon whisky. Cette histoire ressemble déjà à un road-movie fascinant et totalement formaté, je vous l’accorde, et les doutes pouvaient se poser sur la capacité du garçon à transformer l’essai.
Je vous rassure: ce disque est bon. Voire très bon. Exit la mono et le son parfois brouillon du premier, bonjour la production chiadée et soignée du docteur Auerbach. Les 11 chansons gagnent en lourdeur ce qu’elle perdent en énergie primaire, ce qui est également du à l’ajout de nouveaux instruments (basse, claviers) absents jusque là. C’est bien moins inégal, et HEK ne se refuse rien: on passe facilement d’une déflagration sixties ("Family") à un reggae-stoner envoûtant ("Nobody Move") tout en chassant sur le terrain punk ("Pay No Mind", "Skining In The Sand"), blues ("Save Me") et en confessant un petit côté pop fort sympathique ("Penny"). Enregistré en 15 jours à Nashville, sans aucun chichi, l’album se consomme très vite mais avec un plaisir tout sauf fugace. Les guitares crachent, la basse est maltraitée et la batterie résonne comme celle d’un John Bonham ayant pris 3 grammes de cocaine en plus de ceux qu’il avait l’habitude de s’enfiler avant une messe Zepplinesque. Et puis la voix de HEK est peu commune, sexy à souhait, laissant dévoiler une palette plus qu’intéressante ("House On Fire"). Ca sent bon le sud des Etats-Unis, les shots de Tequila avec les copains entourés par des gogo-danceuses aussi sensuelles que l’essence même du disque.
Le seul petit reproche que je pourrai faire à cet album est l’absence d’un véritable tube, une chanson ultra-fédératrice à la "Seven Nation Army", tâche que ne peut remplir "Penny" de par son côté un peu trop gentillet. En tout cas, HEK prouve ici qu’il n’est pas qu’un simple poseur opportuniste mais qu’il possède bien un talent indéniable avec des titres efficaces et terriblement accrocheurs. A voir sur scène, peut être avec cette fille que vous cotoyez depuis plusieurs mois et avec qui vous ramez. Faites gaffe quand même, car en plus d’être bon, le lascar est beau gosse. C’est terriblement insjute, je sais.
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