Le trio de post-punk/math-rock/free-jazz (aucune mention inutile) britannique Black Midi revient pour une nouvelle fournée avec ce bien-nommé Hellfire. On y retrouve l'univers unique du groupe, à la fois post-apocalyptique et rétro-futuriste, qui s'inspire de l'entre-deux-guerres européen pour le transposer en l'an 2163. On semble même par moments lorgner vers un concept-album qui chroniquerait la descente aux enfers d'un certain nombre d'âmes damnées, que ce soit par la guerre, l'addiction, ou le crime.
En maître de cérémonie de ce show décadent, on retrouve bien entendu le chanteur et guitariste Geordie Greep, au phrasé frénétique et aux arpèges fougueux, et qui nous assène d'entrée de jeu un uppercut foudroyant avec ce « Sugar/Tzu » dopé aux amphétamines. Son compère Cameron Picton n'est pas en reste, et comme sur l'album précédent, Cavalcade, se réserve deux morceaux plus lents mais tout aussi envoûtants : « Eat Men Eat » et « Still », respirations très appréciables dans ce ''film d'action épique'' (selon Greep, sic) parfois suffocant.
En effet, Black Midi pousse les curseurs de l'éclectisme encore plus loin dans ce nouvel opus et ajoute l'opérette ou le flamenco comme nouvelles cordes à son arc, tant et si bien que l'ensemble devient parfois un peu confus voire indigeste, notamment en milieu d'album. Il s'agit là toutefois de défauts mineurs : les trois larrons de Black Midi continuent à tracer leur propre voie dans le post-punk contemporain, avec un troisième opus réjouissant, toujours aussi virtuose, et à l'élégante brièveté (39 minutes). A leurs côtés, on pénètre dans les cercles de l'enfer, et on en redemande.
HIGHLIGHTS : SUGAR/TZU, EAT MEN EAT, THE DEFENCE