Fan de la presque première heure (Broken en boucle dans le walkman Sony Sports en 92), je suis ce qu'on appelle un bon client. Ne serait-ce que parce-que Trent est le seul à faire ce qu'il fait depuis pretty hate machine.
Faut dire qu'il a longtemps eu une sacrée longueur d'avance sur le reste du monde. Suffit d'écouter the Downward Spiral qui a quasi 20 piges, pour se rendre compte qu'il a pas pris des masses de rides.
Partant de là, on pourrait se dire que, le mec étant seul sur sa montagne, il n'a qu'a se contenter de (bien) faire ce qu'il sait faire pour satisfaire la plèbe.
Et c'est en partie vrai.
En partie parce-qu'en 99, il a produit ce qui reste à ce jour (selon moi) son chef d'oeuvre absolu, The Fragile.
Un truc tellement profond, personnel, riche et émouvant que comme pas mal de fans, j'ai été marqué au fer rouge.
Ca reste à ce jour, mon album préféré... de tout l'univers connu.
Y'a tout dedans, et même plus encore.
C'est THE perfect drug. Le came ultra addictive mais dont les effets ne sont pas altérés par le temps.
Alors forcément, à chaque annonce d'un nouvel album, les pupilles se dilatent, le pouls s'accélère, la bouche se fait pâteuse, à l'idée que peut-être on pourrait revivre un jour cette montée que procure Somewhat Damaged.
Mais au fond, on sait que ça n'arrivera plus.
Heureusement, Trent n'a pas entièrement troqué son mojo contre des pecs et des biceps. Il a de beaux restes.
Mais l'échec commercial de The Fragile à laissé des traces, et on sent bien la quête de reconnaissance dans tout ce qui a pu sortir par la suite. Particulièrement flagrant dès With Teeth.
C'est donc dans la continuité de ses prédécesseurs post-Fragile que se situe ce Hesitation Marks.
Pas que ce soit mal foutu, loin de là. C'est même assez efficace avec comme à l'accoutumée quelques titres dont on se dit d'emblée qu'ils sont taillés pour le live, construits comme des vrais morceaux rock classiques.
Malheureusement l'album souffre d'une énorme baisse de régime à mi-parcours avec 3 morceaux assez peu inspirés. Le niveau remonte heureusement dans le dernier tiers, mais une fois l'écoute terminée, le constat est sans appel, et les questions fusent...
Où sont les tripes que Trent mettait dans sa voix ? Cette voix à vif, tout le temps sur le fil manque cruellement sur ce nouvel opus.
Où sont les morceaux à progression ? Cette façon de faire monter la pression à mesure qu'on s'immerge dans le morceau.
Où sont les expérimentations sonores, les instruments improbables, les bruits détournés ? Ce qui participait à la richesse musicale de The Fragile. Il y'avait une recherche incroyable qui faisait qu'après des années d'écoutes on en arrivait encore à découvrir ou essayer de décrypter des sons.
Où sont les envolés noisy, les grattes râpeuses sur-saturées, les dissonances savamment distillées ? Ce petit côté imprévisible et incontrôlable.
Passablement assagi (qui a dit mature ?) et en quête de reconnaissance, NIN semble en pilotage automatique. Un peu trop propre, un peu trop lisse, un peu trop prévisible.
Restent heureusement des prestations live brûlantes, pour revivre le grand frisson du Nine Inch Nails de la grande époque.