Nous sommes à Detroit dans le Michigan, l'année suit son cours et il semble déjà se proclamer, depuis le haut de sa forteresse bâtie en janvier, notre album de l'année. Hélas, mille fois hélas, Senscritique n'a jamais été l'affaire des amateurs de hard rock ou stoner et cette scène en ébulition outre Atlantique et ailleurs a encore du mal à perçer jusque nos tympans affinés de vieux européens.
Alors qu'il en retourne d'un simple Bandcamp aujourd'hui comme on aurait édifié un Myspace antant, Bison Machine assoit ses deux énormes couilles sur le monde musical. Avec comme héritage culturel les Stooges ou le MC5 ou plus récemment les White Stripes, tous issus de la décrépie Motor City et comme père et mère disons Deep Purple qui aurait rencontré Elder, ces quelques noms promettent un bon cocktail explosif. Hostilités vraissemblablement entamées dans les années 10 (oui on dit comme ça maintenant), c'est en 2013 qu'on retrouve le premier quatre titres du groupe. Dans un registre plus "doom" que celui qui nous occupe, nous évoluions entre blues et stoner où Tom Stec poussait parfois un peu trop la voix quand elle ne ressemblait pas à celle Dan Auerbach sur un hard rock pointu. Avec le temps et les salles de concert écumées, Bison Machine relâche donc sa deuxième prise, auto-produite comme la première, portée par l'enthousiasme général et les reviews dithyrambiques non sans attirer bientôt les attentions d'un label allemand (centre névralgique du stoner en Europe) pour sa plus large diffusion au sein des médias (n'espérez pas le dénicher à la Fnac quand même). On parle ici de six pistes d'un savant mélange délaissant la lourdeur "blues doom" du premier disque pour un son plus typé seventies du côté de la guitare et une production plus approximative avec ce petit côté enregistré dans notre cave qui donne tant de cachet à cet opus magnum. En rajoutant un brin de reverb à sa voix vacillante, Tom Stec, galvanisant sur les refrains et en total immersion sur les bridges mélodiques nous entraine dans ce dédalle furieux de riffs tous aussi inspirés les uns que les autres -non sans nous rappeler Elder pour ces constructions inextricables- et bon dieu de merde, qu'est-ce que c'est réussi.
Jonglant entre des Kadavar, des Wolfmother ou autres All Them Witches, Bison Machine est devenu un sérieux concurrent à la plus haute marche du podium du revival Hard Rock, si ce n'est le vainqueur sans condition et ce Hoarfrost vient de marquer l'essai dès le mois de janvier. Ebouriffant.