Avec Hymn to the immortal wind, les Japonais ont eu envie de faire entrer un vent symphonique dans leur post-rock brut. Le résultat était pour le moins mitigé, le groupe perdant en tension ce qu’il ne gagnait pas en souffle. Ou plutôt celui-ci se trouvait un peu éventé par une surcharge de pathos et de grandiloquence. En même temps, le groupe se détachait de Mogwai, son encombrant cousin écossais, et trouvait un son qui lui était propre avec quelques accents de « japonitude ». Enregistré à New York lors d’un concert spécial avec the Worldless Music Orchestra pour fêter le dixième anniversaire du groupe, cet album est la suite logique de Hymn to the immortal wind, la version live de la plupart des morceaux de l’album. De ce côté, rien à signaler ou presque. Au pire, on pourra trouver que ces titres auraient tendance à faire doublon avec les versions studios. Au mieux, que les versions proposées sont plus séduisantes. Peut-être les envolées montent-elles plus haut, peut-être les passages bruitistes sont-ils plus bruyants, prise live oblige ? Et encore les différences sont ténues, Steve Albini, producteur de Hymn to the immortal wind étant adepte d’une prise de son naturaliste et sans effets. Mais Holy Ground contient aussi la transcription de certains anciens titres de Mono dans une version orchestrale (avec bien sûr, les deux guitares, la basse et la batterie réglementaire des quatre Mono) ainsi qu’un inédit, 2 candles, 1 wish (petite parenthèse très musique de Noël plutôt sympathique). Il est étonnant de constater que c’est avec ces anciens titres relookés pour l’occasion que Mono trouve le juste équilibre entre ses aspirations cinématiques et l’essence même de sa musique faîte de violence contenue ou non et de plaines atmosphériques. Peut-être qu’à l’époque de Walking cloud and deep red sky (avec Alcyon) et de You’re there (pour Are you there), Mono avait apporté un soin particulier à l’écriture de ses morceaux, échafaudant deux belles montées au flambeau sans tout de suite penser à booster l’émotion – et donc à noyer un peu le poisson - avec une batterie de cordes. Celles-ci arrivent ici en complément d'une puissance déjà présente, comme un joli écrin servant à mettre en valeur la valeur d'un bijou. Mono est alors au meilleur de sa forme. Cet album live rend donc inutile l’achat de Hymn to the immortal wind puisqu’il le complète avec des meilleurs titres (d’autant plus que le CD est assorti du live intégral en DVD). Il donne aussi envie de se replonger dans toute la discographie du groupe japonais. Ce qui ne peut pas faire de mal.