Home par mapamobi

Home est ce genre d'albums que l'on n'oublie pas, dès la première écoute. Personnellement, au départ, je l'ai détesté. Il était trop crasseux, trop imparfait pour mes oreilles, et manquait clairement de temps vraiment forts et mémorables. Je ne peux pas dénombrer le nombre de fois où j'ai lancé la première piste, puis prolongé l'écoute avec la deuxième mais... non, décidément, ça ne me plaisait pas.

Puis je l'ai vraiment écouté attentivement (c'est-à-dire en ne faisant pas autre chose à côté) pour la première fois un matin, début 2022. J'ai fait l'effort de passer outre mes a priori vis-à-vis d'"Emptied Pockets" et des quelques premières minutes déplaisantes que j'avais auparavant entendues de "Fluoxetine (dayaday)", et rien qu'en entrant dans cet état d'esprit, j'ai réussi à comprendre le projet, et, plus encore, à en admirer le concept (au point d'oublier de manger au repas du midi, tellement happé par la musique et la narration que je n'avais pas entendu ma famille m'appeler).

Car Home n'est pas fait pour être agréable, au contraire. Il est fait pour être à la fois sincère et écoutable. Mais pas pour être agréable. Cela signifie qu'il ne se propose pas d’offrir des moments pleinement satisfaisants (à part peut-être pour les deux singles "Surface" et "Hiding from the Rain"), mais plutôt de raconter une histoire difficile sans trop de détours. Ça n'empêche cependant pas les passages sublimes, dont quelques uns se retrouvent dans "Fluoxetine (dayaday)", la piste la plus prometteuse conceptuellement parlant : faire un point sur sa vie dans un moment de chavirement.

Si certains défauts sautent aux yeux, ils sont souvent facilement excusables (par exemple, on peut dire d'"Emptied pockets" qu'il est trop bruyant, qu'il fait mal à la tête et qu'il est trop décousu dans sa forme, mais la pertinence de ces arguments est discutable, l'objectif du morceau étant d'abord de nous partager un moment absent de toute logique, où raison et émotions se confondent, et qui s'attarde sur la douleur d'un personnage absorbé dans (et par) un quotidien écrasant, représentée avec des guitares électriques dissonantes).

Mais malgré toute la volonté que j’ai de voir le positif dans cet album, un défaut ne peut pas être ignoré : la longueur de certaines pistes et la répétitivité générale qui les caractérise (comme "Xanax (asleep)" ou "Trails to Nowhere") — ce reproche est même adressé par un autre utilisateur d'AOTY (otupo).

Sans lire les paroles (ce que j'ai fait pour l'écoute d'aujourd'hui), on s'endort rapidement, car les rebondissements sont rares (surtout dans "Fluoxetine (dayaday)", qui, pour une fois, m'a déçu. Il suffit d'enlever la substance lyrique de la piste pour la rendre au mieux insipide au pire oubliable).

Mais il n'en reste pas moins que Home est un projet inventif (même si quelque peu emprunté à Car Seat Headrest), cohérent et bien écrit, marquant une évolution nette avec les albums précédents de Feldup.