C'est donc en 1997, à partir de ce troisième opus, que Björk décide de tout orchestrer. Productrice de l'album, elle le personnifie et de lui donne une touche expérimentale. Grâce à des sons plus organiques et recherchés que dans ses deux premiers disques, le supplément d'âme se précise enfin. La maturité de l'artiste aussi.
Dès les premières secondes d'écoute, Homogenic propose à son auditeur des échantillons électroniques sombres et mystiques avec Hunter, premier morceau de l'album. Les violons viennent se greffer à ce qui ressemblerait à une marche militaire, puis lors de petites envolées lyriques dont seule Björk détient le secret. La formule fonctionne on ne peut mieux, grâce au talent vocale de la chanteuse Islandaise, qui excelle dans tous les domaines.
Joga, la deuxième piste, est irrésistiblement fraiche et nous fait voyager sur les terres d'Islande très chères à notre guide, grâce au refrain tour à tour doux et poignant. La chanson suivante, Unravel démontre l'incroyable solitude de Björk à travers un beat profond et sourd qui résonne en nous, tel un cœur blessé qui bat lentement. Grandiose.
Un cri de désespoir à la fois irrémédiable et tonitruant suivra lors d'une des chansons les plus connues, mais aussi l'une des plus épiques : Bachelorette. Véritable pilier d'équilibre de l'album, cette chanson est une réussite incontestable. Elle arrive a nous captiver par sa tension constante, à grands coups de basse sourds et puissants, qui montent crescendo accompagnés de beats lourds et de violons merveilleux. La voix de Björk fait encore une fois des étincelles.
On ne peut pas dire que Homogenic fasse dans la facilité et l'accessibilité puisque la suite du disque est toujours plus complexe et osée. Malheureusement, All Neon Like plombe quelque peu la magnificence des quatre premières chansons. Elle dispose d'une belle ambiance mais manque un peu de personnalité et son côté répétitif dans le rythme passe plutôt mal après un Bachelorette renversant. Mais il n'y a la rien de grave. 5 Years continue sur la lancée avec des beats cette fois plus violents et plus froids que d'habitude. Mais les textures sonores sont toujours recherchées, et quelques violons accompagnent admirablement bien la fin du morceau. Rien d'inoubliable cependant.
Immature rehausse le niveau de cette seconde salve grâce a son atmosphère plus limpide et poétique, et la voix de Björk qui parallèlement, finit par se briser de rage.
Pour finir avec la dernière partie de l'album, Alarm Call revient vers quelque-chose de plus pop, mais n'oublie pas les textures sonores lourdes et violentes générales de l'album. Björk se lâche complétement au chant et c'est plutôt très bon, avec un rythme pas loin du hip-hop rural.
Le trip éléctro survitaminé de Pluto est surprenant. C'est la piste la plus barrée de tout l'album et c'est on va dire le grand moment de folie de la chanteuse qui pose une distorsion saisissante sur sa voix. Impressionnant.
On finit l'album un peu lessivé sur une dernière piste planante et apaisante, All is full of Love, magnifique moment poétique qui conclue l'album. La fraicheur et le calme reviennent nous bercer et nous dépose délicatement dans un lit confortable et propice aux beaux rêves.
Homogenic est un album complet, mature et fort d'une production remarquable. Véritable prouesse artistique de la chanteuse Islandaise, qui la propulsera aux sommets des charts (en particulier en France avec cet album). Même si les quelques morceaux après Bachelorette ne sont pas forcément géniaux, il reste un disque incontournable, avec des titres phares de la carrière de Björk.