J'avais 16 ans...

... lorsque je plaçais fébrilement cette galette sur le plateau de mon électrophone tout neuf vierge de tout "Yéyé" de l'époque, et qui ne m'avait jusque là enchanté avec le "loocking back" de John Mayall.
Zappa, je l'avais acheté sur le conseil d'un ami, mais je ne l'avais jamais écouté. Jamais entendu sur les radios (non libres à l'époque). Donc une vraie découverte, je pose le saphir sur le sillon et "quelle claque dans la gueule" malgré la médiocrité du son de ma platine. Un grand moment de jouissance et comme disait Higelin je n'ai jamais perdu le goût de celle-ci, et elle est même devenue de plus en plus intense... Je transportais ma galette dans toutes les "boums" et entre deux Hallyday, Sheila ou autre j'imposais Frank que l'on passait volontiers car inconnu et au bout d'une minute on l'arrêtait et je passais pour un extra terrestre que je suis toujours resté, car Zappa c'est un monde à part. Mais une fois reçu son passeport pour y rentrer, on ne veut plus en sortir. Pas facile d'y accéder mais quel bonheur avec un équipement de qualité, d'offrir à ses oreilles ce miel aigre-doux qui coule de façon ininterrompu jusqu'au plus profond de vos entrailles. Hot Rats peut-être une bonne porte d'entrée pour découvrir le personnage, mais attention chaque disque est un concept en lui-même, ne les relie que ce qu'appelait Frank sa continuité conceptuelle.
Frank Zappa, un compositeur qui sut repousser les limites structurelles de la musique, faisant la jonction entre musique dite « savante » et populaire, un agitateur qui sous un sens de l’humour bien prononcé avait avec clairvoyance décelé les fausses idoles et les manipulations de son, et de notre époque.