Frank Zappa... Extra-terrestre, sa musique est si vivante qu'il pourrait créer une maison close dans un cimetière, avec des morts-vivants glamour pour déchaîner la Musique par-dessus ces scènes érotiques. Yep je m'inspire un peu de la pochette. Mais qui s'est jamais inspiré de cette pochette ? Zappa a crée une oeuvre aussi foisonnante, même d'apparence infinie, que Léo Ferré. Il a par ailleurs déclaré que toute son oeuvre était un seul et même unique album, malgré les virages, avec tous ses personnages et ses explorations hyper excitantes : je trouve ça passionnant. Et conquis que je suis, je découvre que, comme Léo Ferré, ses albums sont des pays à eux seuls, tellement leur richesse ferait pâlir l'Arabie Saoudite.
"Hot Rats" est un album qui se révèle complètement au feeling, et étant donné que son feeling fonctionne au tonnerre de Dieu, autant dire qu'on en ressort comme si on avait été emporté pendant 47 minutes dans une espèce de tourbillon épileptique. 47 minutes où le jazz et le rock font l'amour et détruisent leur chambre d'hôtel. 47 minutes instrumentales (excepté une intervention de grand max 1 mn 30 par Mister Captain Beefheart !), où Zappa, Ian Underwood et l'ensemble des musiciens débordent de passion, d'une flamme qui semble se hisser jusqu'aux ciels. 47 minutes d'impros insensés, de solos cinématographiques, d'émotions criant encore et toujours à la vie extrême. 47 minutes de Musique avec un putain de grand M. "Peaches En Regalia", ouverture en fanfare, portail d'un cimetière joyeux ; "Willie the Pimp", le plus incroyable de tous, avec un solo monstrueux qui baise tout ce qui passe ; "Son of Mr. Green Genes", mélodie d'ouverture et de conclusion inoubliable et impros insinuant tant de plaisirs de la chair ; "Little Umbrellas", petits parapluies émouvants et pluie Américaine ; "Gumbo Variations", celui qui penche le plus vers son inspiration jazz, et qui semble être joué live tellement on y croit... Quel dommage que la conclusion de l'album entier ne soit pas à la hauteur du reste ! Il existe beaucoup de sessions de cet album, je serai curieux d'écouter les autres pontes qu'ont produit cette bande de génies fou furieux.
Parce que putain, quand on sort de cette cérémonie sexuelle, où la musique abolit les frontières, le silence qui suit nous rappelle à quel point on peut se faire chier.