La Mort - Chapitre 4 - L'être humain
1991. La bande de Chuck Schuldiner ne cesse de changer. Outre son charismatique leader, on retrouve cette fois Paul Masvidal et Sean Reinert de Cynic (excusez du peu) et Steve DiGiorgio, génial bassiste de Sadus qui a introduit la fretless dans le monde du Metal. Autant le dire tout de suite, pour moi "Human" est le sommet artistique du groupe, leur meilleur album, le meilleur album de Death Metal (je ne compte pas Cynic et Opeth comme du Death de le sens premier du terme) et peut-être même le meilleur album de Metal tout court. Sans plus attendre, je m'explique.
Vous vous souvenez de "Spiritual Healing" ? Il est assez compliqué d'imaginer que l'on puisse encore plus complexifier un style qui paraissait si simple au début (je parle de "Leprosy"). "Human" va beaucoup plus loin. Il fait la parfaite synthèse entre morceaux bourrins ("Together As One" et "See Through Dreams") et morceaux progressifs, alambiqués et techniques ("Flattening of Emotions", "Secret Face", "Cosmic Sea"). Cela dit, ici même les morceaux bourrins sont techniques et complexes à en tomber par terre. Et dire que ça ne fait que 4 ans que "Scream Bloody Gore" est sorti ... Pour prouver ce changement génial dans la musique de Death, rappelons que cet album est dédié à la mémoire d'un regretté membre du groupe Atheist, Robert Patterson. Le groupe ose aller bien plus loin que sur "Spiritual Healing" en mettant un morceau instrumental sur leur disque ("Cosmic Sea", avec un clavier rappelant la musique New Age !) et en plaçant des signatures irrégulières un peu partout (notamment vers la fin de "Together As One" il me semble). J'oubliais presque mon morceau préféré de l'album, et donc du groupe, "Lack of Comprehension", avec ses riffs déchirants de sincérité et ses solos qui donnent une méchante envie de se pendre à tous les guitaristes amateurs qui tombent dessus. Ils continuent également à explorer de nouvelles sonorités (vous trouviez l'intro de "Within the Mind" (cf. "Spiritual Healing") bizarre ? Jetez donc une oreille au début de "Lack of Comprehension"). Pour résumer, c'est franchement jouissif, et c'est difficile de pas avoir des frissons en écoutant ces incroyables riffs, même la première fois.
C'est pas tout les amis, les paroles changent encore de thèmes. Après le dysfonctionnement de la société évoqué sur l'album précédent, place à des réflexions philosophiques sur l'être humain, et ses défauts, ses mauvais penchants. Des fois ça va carrément dans l'univers de la psychanalyse ("In dreams I obtain the ability to connect sight with sound" sur "See Through Dreams"), ou chez les extraterrestres ("Vacant Planets"). En revanche, il n'y a pas vraiment de changement majeur dans le style d'écriture des paroles, mais franchement, tout le monde s'en fout, c'était déjà génial avant.
Je pourrais épiloguer pendant des heures sur cet album tant je le trouve génial, mais je vais essayer d'être bref. "Human", c'est tout ce que j'aime chez Death, c'est tout ce que j'aime dans le Death Metal, c'est la raison même de mon amour pour ce merveilleux style de musique, c'est ma vision des choses, c'est ma vision de la vie, c'est ma vie. Mais seulement voilà, après un chef-d'œuvre pareil, comment l'album suivant pourrait nous sembler bon ? Nous verrons tout ça dans le prochain chapitre.