Te voilà, le mouton noir de la famille.
Derrière ton apparence si sage, cette fillette d'une famille d'artistes à succès, qui étaient devenus les étendards de la génération 2000, qui avait abandonné la nostalgie des 60s qui régnait sur les 90s, tu étais la fille des années 2010.
Ceux qui attendent de toi de recracher, recycler, répéter ce que tes parents t'avaient ordonné, ne verront en toi qu'une adolescente superficielle, loin de leur pseudo-maturité. Ils ont oublié l'époque où leur culture n'était qu'une rébellion. Car oui, tu es une adolescente qui a craché sur son héritage, et qui prône l'actuelle contre-culture. Mais tu es sûrement ce qui s'éloigne le plus de la définition de superficialité.
Tu traines le soir, dans les boites de nuit, là où la jeunesse se réunit, tu es une fille facile, tes conquêtes se comptent par dizaines, et tu aimes les hommes à la peau noire.
Ils te fascinent, car ils sont la jeunesse, ils bousculeront les blancs qui les oppressent, avec une intelligence que l'ennemi ne soupçonnerait pas chez ce qu'ils considèrent comme des vulgaires gorilles. Tu couche avec eux, comme un cri de révolte, de liberté, comme une insulte prodiguée contre les cerveaux de moineaux conservateurs et destructeurs qui nous dirigent.
Tu es impertinente, dans ta tête, des voix viennent de part et d'autre, elle font ce que tu es, joyeuse et mélancolique, furieuse et fataliste, effrayante et rassurante.
Tu étales tes paillettes, les excentricités, tes bizarreries, tes sonorités.
Et, reste de toute cette irrévérence, une voix, fragile, triste, est là, dominée par tes cris noirs de rage. Elle est là, partout, cette voix, elle s'écrase, mais elle est constante, elle est ce qui fait ton sang, la dernière trace de la dynastie des gorilles, la flamme originelle, ta lueur mélancolique. Parfois, elle revient à la charge, sa profonde dépression te contamine, mais, à la fin, elle sera ce qui te sauvera, ce qui te donnera le pouvoir de vivre, même si la fin du monde devait nous consumer.
Mais malgré ça, tu restes seule, car qui veut une fille qui, après nous avoir caressé l'oreille, peut à tout moment nous sauter à la gorge ? Tu es prisonnière de ta détermination, de ton honnêteté, de ta diversité, des attentes des gens, tu aurais pu devenir le porte étendard de ta génération, mais tu n'es que l'enfant que le monde a renié, une perle perdue à jamais.
Mais moi, je serais là. Car oui, je suis fou amoureux.
Je suis le garçon du passé, qui attendait de toi ce que m'avait donné tes aïeux, et à qui tu as donné une claque, à qui tu as redonné espoir en cette nouvelle génération. Je suis amoureux de tes voix, de ton sale caractère, de tes étrangetés, des terreurs que tu me provoques, de toi, la digne fille des singes qui m'ont élevé.
J'aime les paillettes que tu arbore, sur ce noir si sombre, désespéré, et torturé.
Je ne les laisserais pas t'enterrer, car je resterais à ton écoute, je serai ton public, aussi ridicule soit-il.
Tu auras marqué mon adolescence, et de tout les singes colorés, aussi différents soient-ils, c'est de toi que je parle non pas en tant qu'album, mais en tant que personne, car c'est toi que j'aime, car tu es la plus humaine.