Humbug
7.1
Humbug

Album de Arctic Monkeys (2009)

Et les singes devinrent plus chaud

En 2009, la réputation des Arctic Monkeys n'est plus à remettre en doute : depuis 2002, les quatre adolescents de Sheffield ont révolutionné la Britpop, évacuant alors des groupes comme Blur ou Oasis, ayant été au paroxysme de leur carrière dans les 90's , au second plan. Avec Whatever People Say I Am, That's What I'm Not en 2006 et Favorite Worst Nightmare en 2007, ils envoient des morceaux tantôt déchaînés, tantôt plus posés, mais toujours reconnaissables dans leur style, accompagnés de la voix et du style du leader Alex Turner.


A la conquête de l'Ouest


A cet instant de gloire, la bande ne désire pas s'arrêter en si bon chemin. Déjà arrive une irrésistible envie de collaborer avec d'autres artistes pour s'émanciper musicalement, comme il est coutume de faire lorsqu'on se crée une réputation dans le milieu. Alex Turner n'en est pas à son premier coup : avec son ami Miles Kane (alors leader des Rascals), ils sortent en 2008 un CD sous le nom des Last Shadow Puppets, un nom bien étrange et mystérieux, toujours dans une écriture bien british où l'on ressentira une musique plus posée, plus folklorique que les groupes originaux des deux chanteurs.
Mais la véritable collaboration se produira avec Josh Homme, meneur en force des Queens of the Stone Age, groupe bien connu pour sa force rythmique et son agressivité scénique. L'homme assure ainsi, en plus de James Ford, la production de cet opus, ce qui est reconnaissable à l'écoute de nombreux morceaux du disque. Il est ainsi normal de voir que l'album fut enregistré en Californie, terre aride et région natale de l'ami Homme.


Moins d'anglais, plus de psyché


Comment ainsi aborder cet album dans ce contexte de production ? Dès le premier morceau My Propeller, on ressent un côté plus sombre, peut-être plus adulte dans l'écriture. Le style s'oriente vers du rock psychédélique, allant aux effets de guitare plus planants jusqu'à la présence d'un orgue en fond sonore. Les Singes de l'Arctique évoluent, et d'une manière non négligeable ! Le quatuor n'oublie cependant pas l'une de ses nombreuses qualités : sa capacité à produire une instrumentation solide accompagnée d'une mélodie sacrément tenace. C'est le cas de Crying Lightning, second morceau et véritable tube de ce CD. Dès l'entame, Nick'O'Mailey et Matt Helders assurent leur partie rythmique, suivis par Turner et Jamie Cook qui trouvent une symbiose parfaite entre guitares respectives dans les couplets et refrains. Malgré un solo peu original, Humbug peut se vanter d'avoir un morceau déjà culte dans le cœur des fans. La suite du CD devient alors plus perturbant pour le fan averti. Dangerous Animals, mis à part son final semi-explosif, Potion Approaching et Fire and the Thud peinent à se démarquer, notamment par leur faiblesse voire leur feignantise mélodique et rythmique, dans une démarche un peu plus lente et s'éloignant des chansons des deux premiers albums. Au milieu de ces morceaux se situe Secret Door, première "semi-rythmico-ballade" de l'album, tout droit sortie de l'imaginaire de Turner, et qui, malgré son côté psychédélique, arrive à nous enchanter, grâce à son refrain entrainant, n'hésitant pas à faire ressortir notre sensibilité nostalgique. Car psychédélique est bien le maître mot de ce troisième album des Arctic Monkeys, On retrouve ainsi, dans les morceaux Dance Little Liar et The Jeweller's Hands, une obscurité crépusculaire, s'inscrivant dans la lignée de ce CD et que l'on pourrait croire tout droit sortie du monde d'Alice au Pays des Merveilles. Dans le premier, Matt Helders affine sa technique aux fûts, gardant ses ressources pour une fin plus entraînante et assurée par l'instrumentation de ses trois autres compères et dans le second, le groupe se permet, en plus d'une étonnante fin en Fade Out, de surprendre ses auditeurs en proposant un mélange à la fois burlesque, triste, mais qui peut être difficile d'accès lorsqu'on a connu le groupe à ses débuts. Enfin, n'oublions pas les deux dernières pièces maîtresses que sont Cornerstone, véritable ballade toujours signée Turner, piochant dans ses inspirations très brithish, rappelant le maître McCartney dans ses œuvres et enfin Pretty Visitors. Ce dernier est le morceau où l'on sent véritablement que Josh Homme a aidé dans la production de Humbug. L'ambiance électrisante voire violente, la capacité de vocalise d'Alex Turner et enfin, la puissance d'Helders sur sa batterie, prouvent que le groupe sait toujours composer des morceaux complètement à tomber par terre, et qui assurent d'avance une représentation monstrueuse sur scène, devant un public composé de ces " Charmants Visiteurs ".


L'album de la maturité ?


Avec Humbug, les Arctic Monkeys n'ont pas perdu leur talent de composition, bien au contraire. Malgré 2 ou 3 morceaux un peu en déça, cet album très westcoastien surprend son public de la meilleure des façons, en rajoutant une touche psychédélique, mais en n'oubliant d'aucune manière sa force rythmique et mélodique faisant la principale caractéristique du groupe. On peut ainsi penser que les Singes évoluent vers d'autres horizons, et que leur carrière est loin d'être monotone, tant cet album arrive à nous surprendre.

Johann_Co_
7
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le 18 août 2015

Critique lue 450 fois

2 j'aime

Johann_Co_

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