Découvrir Dune en 2016 paraît assez compliqué, voire même très difficile pour un néophyte tant le film aura eu du mal à vieillir. Me lançant une bonne fois pour toute dans une rétrospective de la filmographie de Lynch, l'adaptation du roman de Frank Herbert était un passage obligé, après Elephant Man.
Et c'est peut-être avec Dune que j'aurai ressenti pour la 1ère fois l'implication artistique (ou non) d'un réalisateur dans le processus de production d'un long-métrage. Y déposer une âme, sa patte d'auteur/réalisateur, faire passer un message... Malheureusement, c'est justement une sorte d'absence de Lynch que l'on ressent après le visionnage du film, qui passe clairement pour une commande de studio. Absence sûrement due à une production compliquée, quand on sait qu'à la base le projet était sous la houlette de Jodorowsky et que Lynch, après plusieurs montages décevants, a failli se dissimuler sous le fameux nom d'Alan Smithee.
Un souci majeur est clairement la technique et les effets spéciaux. Quand on pense que le film est sorti 7 ans après Un Nouvel Espoir, qui de nos jours, ne semble pas avoir tant vieilli.. on a affaire ici à des FX assez dépassés, voire hideux (la séquence sur les vers géants, le combat en boucliers....). Et la musique n'aide pas franchement. J'aime bien Toto hein, mais j'ai pas l'impression d'avoir entendu leur meilleur travail sur cette BO. Heureusement qu'un des thèmes est là pour sauver les meubles.
Le film souffre également d'un rythme assez maladroit. On démarre avec presque 1h de film où rien ne se passe, où tous les enjeux, les personnages, sont déposés sans qu'on y comprenne grand chose (j'avoue m'être endormi 5 minutes). Alors qu'on a droit à une seconde partie où l'intrigue semble un peu plus se dérouler, mais de façon bien trop simple et attendue (l'élu qui se découvre, la victoire sur les grand méchants...). C'est d'autant plus décevant pour un film avec un casting plutôt sympathique mais très déséquilibré : Kyle MacLachlan (Agent Cooper<33333) qui fait le job, surtout quand on sait que c'est sa 1ère apparition sur grand écran ; Jack Nance complètement absent, tellement que l'on se demande l'intérêt d'inclure son personnage, tout comme Sting (sauf pour une superbe apparition en slip).
Dommage donc, pour un film qui se base sur un roman paraît-il fondateur de la SF (jamais lu). On trouve malgré tout quelques idées comme le jeu sur les couleurs, avec un ton sépia très prononcé, une vraie mise en place de l'univers visuel, qui nous paraît "réaliste", et certains plans d'ensemble (parfois réutilisés....) où le matte painting semble de mise.
Mais voilà, quand on lit que le film est réalisé par le grand David Lynch, on en vient à se demander s'il n'y pas eu arnaque sur la marchandise. Et ce n'est pas la présence de ces acteurs fétiches (MacLachlan, Nance, McGill... que l'on retrouve tous dans Twin Peaks), une séquence faussement hypnotique dans un trip lynchien (le rêve d'Usul) qui nous fera penser le contraire.
On se retrouve alors face à film le cul entre deux chaises, à la fois voulant s'imposer comme un grand du Space Opera mais qui peine à dérouler son récit, tout en dissimulant parfois du Lynch (dont le réalisateur lui-même dans une caméo de 15 secondes), sans y parvenir réellement.
Quand on pense ce qu'aurait pu donner le résultat de Jodorowsky, avec des ambitions mille fois plus grandes....