Risible humain

Covid oblige, Nick Cave s'adapte et livre cet album live doublé d'un film qu'on espère, un jour, voir en salles.

En investissant Alexandra Palace, Nick Cave s'assume comme le risible humain qu'il est (que nous sommes tous), en proie aux souffrances, et dont la plainte, la voix tremblante, à vif, parfois noyée par les notes, résonne dans l'immensité et le vide qui l'écrasent.
Fausses notes qui l'amusent, voix éraillée, l'artiste jette un regard neuf sur quarante ans de carrière (et propose un inédit, l'habité et déchirant Euthanasia).
Nick Cave se livre, se met à nu, se débarrasse, un temps, de ses Bad Seeds.
"Look at me now".

Réduits à la voix et à un simple piano, débarrassés du gargouillement électronique et des voix lointaines de ses récents albums, ou de la rage rock de ses plus anciens, c'est dans cette épure que les morceaux de ce génie révèlent, s'il fallait encore le prouver, leur désespérante beauté, leur complexe simplicité, leur portée transcendantale, la richesse de leurs textes-poèmes, et leur capacité à sans cesse être réinventés, à nouveau arrangés.

Un live cru, austère, sensible.
Une prière idiote, lancée à qui voudra bien être suffisamment réceptif à sa beauté.