Léo Férré, fidèle à lui-même. Du très très grand..... Je suis un chien ? Perhaps !

Bonjour à tous,

Cettte fois_ci, je m' attaque à un chanteur, dont j' admire la personnalité, et l' Oeuvre. Quel mec. Un anarchiste intelligent. Il a bercé mon adolescence.... Il est génial !! Que dire de plus ? " Ben, argumente ! ". J' allais y venir. Ne vous inquietez pas.

Un chanteur, comme lui, c' est rare.... Trop rare.... Un vrai Homme de Gauche.... Il est tellement intelligent, et subtile, qu' on ne le touche qu' avec des gants, avec des pincettes.... Il dérange, au fond. Il est irrécupérable, politiquement. Un génie ? Assurément, mes braves lecteurs.

Poète et musicien, Ferré a mêlé le lyrisme à l'argot, l'amour à l'anarchie. Il occupe une place centrale dans le monde de la chanson française et est sans doute une des références absolues dans ce domaine.

Oh ! La violence du machin, son immense, profonde, définitive tristesse aussi, sa puissance dramatique en plus... Le choc, immense !

Peu importe quand vous avez découvert, découvrez, découvrirez Il n'y a plus rien, opus le plus radical du génial Léo Ferré probablement, c'est toujours une expérience unique, un tremblement tellurique de l'âme qui vous prend.
Musicalement, Léo est loin de ses envies de fusion avec la musique rock psychédélique de la nouvelle génération, ce qu'il a fait très bien aussi d'ailleurs. Recentré sur une expression purement orchestrale, où il joue le chef qui plus est, il donne sur les cordes sensibles, les apaisements salvateurs et les crescendos ravageurs pour construire son orageux déluge de larmes. Il invite simplement Danièle Licari (la voix du Concerto pour une voix) de Saint Preux) a venir donner de son bel organe sur la Préface de l'album et Il n'y a plus rien, comme elle l'avait déjà fait sur Amour Anarchie (chanson L'Amour Fou) trois ans plus tôt.
Concrètement, on peut diviser les titres de l'album en deux catégories : les ténébreuses chansons (pistes 2 à 5), et les diatribes enragées (la Préface, et le morceau titre), c'est certes un peu schématique, parce que les lignes se brouillent, mais plus ou moins l'intention. De toute manière, quelque soit la portion, la perfection, se dit-on, est de ce monde. Une perfection faite de dépression (les chansons) et de colère (les diatribes), là encore c'est un raccourci, sur des constructions orchestrales, je pèse mes mots, magistrales.
Evidemment, l'énorme, l'incontournable, le définitif titre final donnant son nom à l'album est la figure de proue obligatoire, un exercice de misanthropie textuelle de 16 étonnamment courtes minutes à couper le souffle déclamé avec théâtralité par un Ferré au sommet de son interprétation sur une composition du même divin tonneau. Mais comme le reste est également aussi confondant de beauté si, tout de même, nettement plombé, cafardeux, on se dit que l'injustice de ce titre monstrueux faisant de l'ombre à ses dignes camarades est vraiment insupportable et qu'il nous faut vanter le magnifique texte de Caussimon (Ne Chantez pas la mort) ô combien grandement chevroté par l'ami Léo, le spleen presque doux porté par les cordes magiques de Night & Day, la nostalgie dépressive de Richard, la révolte tranquille de l'inéluctable soulèvement de l'Oppression. Tout, tout vous dis-je est à se pâmer. Et quand, en plus, en phase avec l'interprète, l'auteur de génie, on vit l'expérience presque en acteur... Les frissons, quoi !

Et après ça ? Il n'y a plus rien, plus, plus rien. Et surtout pas, surtout pas !, à résister à l'œuvre d'exception qui s'offre à vous.

Cet album illustre le génie de Léo Férré, rien qu'avec la chanson "l'Espoir" où Férré dirige un orchestre vous vous laisserez emporter. Alors rajoutez à cela des chansons tels "la damnation" ou "l'opression" et vous serez conquis. Cet album marque définitivement le tournant musical de Férré en orchestration sublime... 10 étoiles !

quand on aime léo férré ,ce cd ne peut pas laisser indifferent ,pour moi il fait parti de l'un de ses meilleurs disques.....

La grandeur de Léo Ferré, c’est aussi d’avoir eu des ennemis. Il fut sans doute le seul artiste de variété à susciter autant la haine que la révolte et l’amour. Admiré par les Surréalistes, par Raymond Queneau, Jacques Prévert, Aragon, Étiemble et tout un public exigeant, et il fut aussi exécré par un tas de gens mal faits pour admettre les fêlures et les ambiguïtés d’un parolier à trop fort caractère. Ainsi Jean Édern-Hallier lança une campagne contre lui, en invitant le public à le recevoir « à coup de pavés dans la gueule ! » (1). Ferré subit les crachats, les coups, les alertes à la bombe. Il cache sa peur, répond aux invectives et chante toujours jusqu’au bout. En juin 2003, dans son éditorial de l’Imbécile de Paris, Frédéric Pajak se souvient d’un concert en Algérie, en juillet 1975, au moment où Ferré clame « Je suis un bâtard, nous sommes tous des bâtards ! » des jeunes gens envahissent la scène et le menacent. « C’est un vieil homme déjà, tout ridé, tout blanchi, la face mangée de tics ; il ne se laisse pas impressionner :
– Ta gueule ! C’est moi qui chante, ici ! Barrez-vous !
[…] C’est presque une émeute. Mais Léo Ferré a repris le micro. Il clame du plus fort qu’il peut : “Nous sommes tous des bâtards !”
[…] Pas loin de trente ans ont passé. Je repense au courage physique de Léo Ferré. »

Il a mis dans l’oreille du public les poèmes de Rimbaud et d’Apollinaire, d’Aragon, de Rutebeuf, de Baudelaire et de Pavese. Il a chroniqué sur scène les temps difficiles de la guerre d’Algérie, les temps exaltés de Mai 68, le socialisme d’Allende, l’assassinat de Buffet et Bontems par Pompidou (qui refusa de les gracier). Il a troussé des chansonnettes ficelées au quart de tour dans une langue nourrie d’instantanés et d’argot. Il a été l’amant chantant le désir, la jalousie (La jalousie), l’interdit sexuel, la transgression (Petite), la plénitude amoureuse (La Lettre), l’érosion, l’habitude, avec plus de profondeur et se risquant plus que quiconque. Il a déclamé des tirades nihilistes, imprécatrices, sans rimes sur ses musiques pour grand orchestre, faisant éclater de la chanson le format connu jusqu’alors. Il a touché aux larmes des auditeurs bouleversés par des morceaux hors normes (Avec le temps, La mémoire et la mer, FLB, Le Chien, L’Imaginaire…). Ce chanteur n’écrivait pas qu’avec sa raison mais aussi avec sa folie, du fond de ses chaos intimes, d’où les sarcasmes, les hurlements, les tiraillements, fourbis dans une démesure qui a délivré des milliers d’adolescents prostrés, de bourgeois engoncés, car Léo Ferré lâchait la vibration même du sentiment et distribuait l’audace de vivre en même temps que la consolation pour chacun d’être définitivement seul au monde.

Il portait en lui une certaine histoire de la musique et de la poésie, spécialement celle des maudits dont il se sentait le frère. Hanté par le sort fait au créateur, il ne manquait jamais d’évoquer la solitude de Beethoven ou de Mozart, les maladies de Ravel et de Bartók, l’admirable indifférence de Satie, la folie de Van Gogh, la misère de Rutebeuf.

Agitateur politique et poétique ; parolier d'exception au lyrisme précieux et flamboyant ; interprète d'une puissance expressive et émotionnelle exceptionnelle ; mélodiste et orchestrateur inspiré (sa façon d'aborder les grands poètes du répertoire demeure un modèle de musicalité et d'intelligence littéraire), Léo Ferré est une des personnalités artistiques les plus singulières de l'après-guerre. Un génie inclassable excédant largement les limites convenues de la chanson, fut-elle d'"auteur", dont l'œuvre protéiforme et abondante (pas moins de 40 albums en 46 ans de carrière !) aura marqué au fil du temps un nombre considérable d'artistes en tout genre.

Eternel révolté contre l'ordre social, Ferré demeure par ailleurs très attentif à l'air du temps. Il est un des seuls grands noms de la chanson française à prendre la mesure de la révolution autant esthétique que politique de 1968 et à en intégrer les conséquences dans son univers, en lui faisant prendre un virage résolument rock. Au tournant des années 70 il compose C'est extra qui se classe n 1 au hit parade, s'associe avec le groupe pop français Zoo (Le Chien ), publie un double album Amour, Anarchie qui demeure l'un des sommets de son œuvre et écrit l'une des plus belles chansons de l'histoire de la variété française, Avec le temps.

Il part alors s'installer en Toscane et débute la dernière grande période de sa carrière. Prenant en main les rênes de son destin artistique, Ferré va, jusqu'à sa disparition le 14 juillet 1993, créer en solitaire une œuvre démesurée, s'émancipant totalement du format chanson traditionnel, osant des textes fleuves et baroques et des orchestrations symphoniques au lyrisme débordant (Je te donne, La frime, Il est six heures ici et midi à New York, Ludwig - L'imaginaire - Le bateau ivre, etc.). Ne quittant son repère que pour régulièrement s'engager dans de longues tournées partout dans le monde, Ferré demeurera jusqu'au bout fidèle à ses idéaux, refusant par deux fois de soutenir la candidature de François Mitterrand à l'élection présidentielle (1981 et 1988) et signant en 1991 un appel pour la paix, s'élevant contre l'intervention militaire en Irak.

Mais Férré, avant tout : Ecoutez !! : " Les Anarchistes " :
Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
La plupart Espagnols allez savoir pourquoi
Faut croire qu'en Espagne on ne les comprend pas
Les anarchistes
Ils ont tout ramassé
Des beignes et des pavés
Ils ont gueulé si fort
Qu'ils peuvent gueuler encore
Ils ont le coeur devant
Et leurs rêves au mitan
Et puis l'âme toute rongée
Par des foutues idées
Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
La plupart fils de rien ou bien fils de si peu
Qu'on ne les voit jamais que lorsqu'on a peur d'eux
Les anarchistes
Ils sont morts cent dix fois
Pour que dalle et pour quoi ?
Avec l'amour au poing
Sur la table ou sur rien
Avec l'air entêté
Qui fait le sang versé
Ils ont frappé si fort
Qu'ils peuvent frapper encore
Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
Et s'il faut commencer par les coups d'pied au cul
Faudrait pas oublier qu'ça descend dans la rue
Les anarchistes
Ils ont un drapeau noir
En berne sur l'Espoir
Et la mélancolie
Pour traîner dans la vie
Des couteaux pour trancher
Le pain de l'Amitié
Et des armes rouillées
Pour ne pas oublier
Qu'y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous
Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout
Les anarchistes..... ".

Ou, dans la chanson, " il n' y a plus rien " :

" Ecoute, Ecoute.....
Dans le silence de la mer, il y a comme un balancement maudit,
qui vous met le coeur à l' heure.
Le sable, qui se remonte un peu,
comme les vieilles putes qui remontent leur peau,
qui tirent la couverture.
Immobile.....
L' Immobilité, ça dérange le siècle. ". Et ça continue....Magnifique !!

Ecoutez Férré. C' est un pur génie de notre chanson française. Il vous envoutera, si vous êtes sensible à un style très direct, froid, et lyrique, à la fois. " La vie sans la musique, serait trop absurde " disait Nietzsche. il a raison. Portez vous bien. Bonne écoute. Tcho. @ +.





"
ClementLeroy
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le 11 mars 2015

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San  Bardamu

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