L'avalanche de superlatifs à propos de ce "In Our Heads", les comparaisons dithyrambiques ("Hot Chips, c'est un peu les nouveaux Talking Heads, tu vois ?") m'ont conduit à une longue et large incompréhension vis à vis de cet album, qui a tourné plusieurs mois sur ma platine avant que je sois en mesure de me forger une vraie opinion. Car, n'en déplaise aux fans de Hot Chip, sans doute très jeunes ou alors au contraire victimes de la maladie d'Alzheimer, on ne trouve rien dans "In Our Heads" qui s'approche, même de très loin, de la puissance créative et démentielle de la bande à David Byrne dans les années 80, et rien non plus qui puisse jamais tutoyer les cîmes atteintes par New Order en matière d'hymnes électro pour stades de foot. Non, on est bien clairement ici du côté de l'électro-pop froissée et un peu chichiteuse de Human League, Heaven 17 ou autres Pet Shop Boys, trois beaux groupes pop, mais certainement pas des géants de la musique contemporaine.
Une fois ceci admis, on peut se laisser doucement gagner par une vraie affection pour ce qui est clairement le plus intéressant ici, cette mélancolie gênée - qui peut évoquer le meilleur de LCD Soundsystem ou de Metronomy -, cette grisaille bien anglaise dans l'expression d'une banalité qu'on essaye vainement de transcender par la danse, ces mélodies qui ne sont jamais vraiment évidentes, triomphantes comme dans la grosse cavalarie brit-pop, mais au contraire floues, incertaines,... touchantes. Ce n'est pas quand Hot Chip essaye de concurrencer Scissor Sisters qu'il triomphe, non, c'est quand il accepte de n'être "que" Hot Chip, soit un groupe qui cherche encore son chemin, et pas forcément sur les dance floors.
[Critique écrite en 2013]