Innocents
6.4
Innocents

Album de Moby (2013)

Moby, selon ses albums, c’était un peu le copain de tout le monde. Au départ, il s’introduisait dans les soirées perdues où les jeunes se droguaient à l’électro-house, ensuite il s’attaquait au monde des pogos dans les caves avant d’essayer de vivre avec son temps en écrivant Play, qui reste à ce jour sa plus belle oeuvre. Ses musiques se calaient à merveille sur des spots T.V. de voitures ou de parfums, les créas l’adoraient autant que nous. Du moins tant qu’il restait dans la lignée de Porcelain ou lorsqu’il posait sa voix dans des titres mélancoliques (Where you end). Spécialiste du changement incongru, on a pu le voir évoluer d’une techno-house à de l’ambient ravagé, jusqu’à ce qu’il trouve un juste milieu qui plaisait autant à lui qu’à ses fans. Ce n’est pas pour rien que les albums Play ou 18 respirent la consécration. La force de l’artiste, c’est cette musique électronique planante que l’on laisse défiler et où l’on se perd dans des couches aériennes en laissant défiler les paysages.


Mais la recette se répète trop aisément. Une couche de synthé, de la drum pour faire joli, une voix soul, ou jazz, ou blues et quelques samples de violons parsemés ci et là histoire de faire chialer, un peu. Manque de chance, on a compris la technique, et pour nous perdre un peu, il y avait Hotel. A travers lui, Moby s’exprime, nous raconte ses espoirs et ses échecs, pose un titre avec sa copine Mylène Farmer et se met en scène à travers une Lift me Up pleine d’énergie ; ce qu’on ne lui connaissait pas. Richard sème ses fans, mais il ne faudra pas attendre longtemps pour qu’il replonge et nous serve Wait for me sur un plateau. Passant quelque peu inaperçu, l’album recèle des titres agréables comme Pale Horses ou Ghost return, non sans subir l’ombre de The Sky is Broken et autre Look Back In. Avec tristesse, on se laisse aller à l’écoute de Destroyed où l’on espère un renouveau, un progrès. Mais non. Moby écrit dans le noir, ne sort plus de chez lui, ne lit pas la presse. Bref, fait pâle figure à côté des nouveaux arrivant de la scène électro. Deux titres se détachent, mais que sont deux titres face à 26 ? Rien.


Il ne faut pas plus de deux ans à l’artiste pour refaire la même erreur, un peu comme s’il avait la corde au cou et qu’une force surnaturelle l’obligeait à écrire. Le temps évolue et Moby reste en arrière. Avec son nouvel album Innoncents, il nage dans l’insipidité la plus totale, enchaînant des featuring plus douteux les uns que les autres (Skylar Grey, Inyang Bassey) ; faisant jouer des platines usées qui auraient besoin de partir à la retraite. Les titres se ressemblent sans s’assembler et deviennent un concentré de ses albums précédents. Moby n’essaie même plus de falsifier son impotence, il réutilise sans cesse les même effets de voix, même samples et même structures ; tente de s’approcher d’un Bonobo qu’il n’égalera jamais, essaie de séduire l’acheteur avec le même produit dans un nouveau package. Vous l’aurez compris, c’est du périmé.

Evalia
5
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le 17 sept. 2015

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Evalia

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