Chronique Queen n°3
Innuendo signifie "insinuation". Le titre correspond bien à l'esprit général de l'album, le dernier auquel aura participé Freddie Mercury de son vivant.
L'opus débute par une chanson au même titre que l'album. Une composition signée Queen officiellement mais écrite par Roger Taylor et Freddie Mercury. Comme beaucoup de fans, je la considère comme une des petites sœurs de la plus que renommée Bohemian Rhapsody: un fabuleux mélange de flamenco et de rock. Un délice musical trop peu connu des profanes et à la complexité des arrangements si chère à Queen.
L'opus se termine par un autre chef-d'oeuvre musical qui lui est inscrit (et à juste titre) au panthéon de la musique: The Show Must Go On. Faut-il vraiment enfoncer les portes ouvertes ? La composition me tire des larmes à chaque fois. Tout y est parfait: les arrangements, le chant...et ces paroles. C'est incroyable de se dire que c'est un homme au bord de la mort qui su chanter ces paroles d'une traite. Ces paroles déchirantes quand on connait dans quel contexte elles ont été écrites...et celui où elles ont été chantées:
- "My makeup may be flaking but my smile, still, stays on"
- "Outside the dawn is breaking but inside in the dark I'm aching to be free"
Pour ce qui est des autres compositions, on revient souvent à du bon vieux hard rock efficace (qui avait été un peu mis de côté pendant les années 80) avec Headlong, I can't live with you et Hitman. I'm going slightly mad a un côté malsain et le clip n'arrange rien du tout...elle correspond bien au côté "on ne se prend pas trop au sérieux" que le groupe a toujours eu. Delilah est dans le même délire (Mercury a eu du mal à convaincre ses trois collègues de mettre la chanson sur l'album, mais ces derniers ont fini par céder vu le contexte). Bijou est un intermède musical joué avec grâce et sobriété par un Brian May qui arrive à faire "pleurer" sa red special...magique. Ride the Wild Wind est sympathique, elle traite de l'esprit de liberté qu'apprécie particulièrement Roger Taylor. These are the days of our lives est une chanson très émouvante et mélancolique.
L'album ne contient certes pas que des chansons au top niveau (y'en a deux qui amorcent et clôturent l'album, c'est déjà énorme en soi) mais toutes sont appréciables à leur façon.
Tout au long de l'album, la voix de Mercury, on le remarque, est plus "fine" et moins "chaleureuse" qu'elle pouvait l'être qu'auparavant. La maladie bien avancée y est sans doute pour quelque chose. Néanmoins, ses capacités vocales restent à un niveau admirable, surtout en connaissant sa condition. De magnifiques envolées lyriques à vous coller des frissons dans tout le corps. La batterie, la guitare et la basse sont comme toujours au top niveau. Queen est une hydre à quatre têtes. Chacun des membres a su apporter une pierre indispensable à l'édifice du groupe, il est nécessaire de le souligner. Ces quatre gars étaient tous extrêmement talentueux.
Innuendo est l'album de la maturité de Queen en tout point. Tout y est fignolé et huilé avec une précision d'horloger.
Cet album est considéré comme le chant du cygne noir qu'aura été Freddie Mercury pendant plus de 20 ans. Un artiste au talent incommensurable, irrévérencieux et qui nous a quittés comme il aura vécu: de manière fracassante et la tête haute.
Chapeau l'artiste.
PS: Headlong était faite pour être jouée en live. La prestation du cover band Gary Mullen and the Works le prouve.