Pourquoi c'est le meilleur album francophone de 2017 ? (Et pourquoi j'utilise une tournure qui me donne envie de m'autoflageller ?)
Damso, c'est quand même compliqué à faire avaler. C'est vulgaire et c'est sincère, de quoi choquer la ménagère. C'est vrai que le mec est quand même centré à 90% sur ses parties génitales et qu'il a l'art de se faire passer pour un vrai goujat (Autoflagellation - Vol.2 : bientôt dans les bacs !).
Pourtant, il suffit d'être un tant soit peu curieux et attentif pour réaliser que derrière cette façade, derrière cette facilité de la tournure sexuelle et vulgaire, il y a de véritables failles chez Damso. Le propos peut être extrapolé jusqu'à l'essence même de sa musique et des sonorités sur lesquelles le rappeur belge pose sa voix : Kin La Belle est ce qu'il y a de plus dansant et de plus entraînant sur Ipseïté, et c'est pourtant l'un des textes les plus traumatisants.
Et il faudrait être profondément hypocrite pour nier cette évidence : derrière cette masse de muscle, cette voix grave et cet attrait pour la chair, Damso expose sa tristesse de la manière la plus sincère possible.
C'est l'un des cercles de l'enfer de Dante : la luxure joue des tours à ce mec. Il se joue des femmes parce qu'il ne sait pas comment être heureux, et elles le lui rendent bien. C'est le principe même du titre Macarena. C'est l'expression de la complexité dans la simplicité : le refrain est digne d'un titre de Grégoire, le triangle amoureux/sexuel exposé est classique, tout est plus ou moins réunit pour attirer la haine, le dégoût et l'incompréhension.
Et puis il y a ce passage : "Donc je me dis que si t'es avec lui, tu te sentiras mieux. Mais si tu te sens mieux, tu ne te souviendras plus de moi".
C'est l'histoire du serpent qui se mord la queue. Chaque titre peut être et doit être disséqué de cette manière pour décoder toute la complexité de Damso. La vulgarité n'est pas une facilité. La vulgarité, c'est une forme d'expression parmi tant d'autre. Elle n'est pas gratuite chez Damso, elle sert chacun de ses propos.
Sauf pour le titre Gova. J'ai beau essayé d'y trouver un quelconque intérêt philosophique, je le vois juste comme un simple égo-trip, relativement efficace, qui assombrit l'analyse romantique qu'on peut faire du projet.
Ipseïté, c'est la meilleure revanche de la Belgique depuis l'appropriation de la création des frites par la France. C'est le meilleur disque de l'année. Point final.
Note :
Recherche identité /10
La punchline qui change tout :
"Je pleure que de l'intérieur, pour que mes soucis se noient" - Mosaïque solitaire
Le meilleur film d'horreur de l'année :
Une âme pour deux (Non. Non. NON ! C'est juste dégueulasse !)
Trop de bonnes punchlines pour n'en citer qu'une :
"Mais pas l'temps pour les regrets m'a dit mon coeur / Nostalgique car présent pas à la hauteur"
La suite pour Damso :
Arrêter de fracasser ses collègues sur toutes les collaborations.