J’ai beau être un pur watersien, je n’arrive pas à défendre cet album. Et à vrai dire, de Waters, aujourd’hui, je peux écouter entièrement Final Cut et Amused to death, c’est tout. Amused to Death sonnait superbement grâce à la guitare d’Eric Clapton et quelque part c’est lui qui sauvait l’album. Et Final Cut, c’était déjà plus du Pink Floyd mais du vrai Waters avec tout ce qui avait déjà pu rebuter ceux qui n’aimaient pas The Wall : du parlé-chanté, une musique en retrait et une beauté qui filtrait seulement entre les douces intonations ou les éclats de voix de Waters. En somme, chez Waters tout est agrémenté d’effets sonores et d’intonations vocales. Parfois l’ambiance en est renforcée, parfois non. Parfois, comme ici, la musique est tellement évacuée, tellement secondaire que les effets sonores et le récit tournent à vide. Alors on peut déployer tout un album concept, on peut avoir des tas de choses à dire et un message fort, si la musique ne suit pas, ça ne servira à rien. Ce qui n’était pas le cas dans The Wall ou Final Cut.
Preuve que la musique est délaissée : Waters nous ressert les thèmes de Pink Floyd, mais sans y croire et sans y mettre aucune force. Un recyclage qui montre bien que composer de nouvelles choses lui importe peu. Tout l’album défile avec cette impression que justement il n’y croit pas, ou bien qu’il s’en fout. Il ne se tient plus en musicien mais en activiste, en messager. Tant mieux pour lui mais ça ne m’intéresse pas.
Décidément, c’est bien vrai, Gilmour sans Waters n’est qu’une musique creuse, et Waters sans Gilmour, un message sans musique. Ensemble ils ont fait des merveilles. Séparément ils n’ont offert qu’un demi Pink Floyd.